Carnets du Business


           

Entreprises familiales : le prix Léonard de Vinci expliqué par François Saint Bris




Lundi 22 Septembre 2014




La « résilience » est-elle un trait de caractère propre aux entreprises familiales, ou sont-elles finalement aussi vulnérables que les autres face à la crise ?

Il a effectivement été statistiquement prouvé que les entreprises familiales sont plus résilientes que la moyenne des entreprises. Cela n’exclut naturellement pas la possibilité pour une entreprise familiale d’être exposée aux crises économiques. Les entreprises familiales fonctionnent différemment des entreprises cotées en bourses : elles maitrisent leur actionnariat et leurs dirigeants ne sont pas focalisés sur le cours de leurs actions. A ces avantages opérationnels s’ajoutent une vision de long terme et une grande prudence des investissements. Aucune entreprise familiale n’est à l’abri, mais nous disposons « d’antidotes » dans notre ADN nous permettant de mieux résister.

Mais la prudence des entreprises familiales ne signifie pas qu’elles sont réfractaires au progrès ou à l’innovation, bien au contraire. Si les entreprises familiales sont devenues pérennes, c’est précisément parce qu’elles ont toujours su rester innovantes. L’innovation n’est pas une spécificité du 21ème siècle. Il fallait être tout aussi innovant et inventif au milieu du 17ème siècle pour concevoir des produits susceptibles de satisfaire des besoins et conquérir un marché. Les conditions techniques de réalisation de l’innovation ont changé mais les principes sont restés les mêmes. La vision de long terme des entreprises familiales imposent justement d’intégrer l’innovation dans la réflexion stratégique et le choix des investissements. 

Dans une entreprise familiale, comment perçoit-on le rôle des cadres qui n’appartiennent pas au cercle familial ?

Les entreprises familiales ont toujours été bâties autour d’un projet d’entreprise. Ce projet d’entreprise nécessite de rassembler autour du fondateur ou de ses successeurs les compétences nécessaires à sa réalisation. A ce titre, les relations entre les propriétaires de l’entreprise et leurs collaborateurs ont toujours été cruciales dans leur développement. La fidélité et l’engagement des collaborateurs envers l’entreprise et réciproquement sont aussi un gage de pérennité de l’entreprise. Une entreprise familiale est généralement fidèle à des savoir-faire et à un territoire, mais aussi aux femmes et aux hommes qui la font vivre et avancer dans une véritable aventure entrepreneuriale, collective et partagée. Lorsque l’on dirige une entreprise familiale avec une vision partagée, une stratégie claire et une transparence effective, on décuple la motivation et la productivité de ses collaborateurs. L’aventure est d’autant plus intéressante qu’elle est partagée.

Selon le dernier baromètre KPMG, 71% des entreprises familiales européennes se déclarent « confiantes pour les six prochains mois », et il y a de quoi : seulement 20% d’entre elles disent rencontrer des difficultés d’accès au financement. Est-ce parce « qu’on ne prête qu’aux riches » ?

Une entreprise qui dispose d’un bon bilan, qu’elle soit familiale ou non, va rassurer quoi qu’il arrive ses investisseurs et ses banquiers. Par-delà ces faits, les entreprises familiales ont généralement pour point commun une gestion prudente de leurs investissements, en privilégiant le long terme sur le court terme, contrairement à nombre d’entreprises cotées. C’est un élément d’appréciation qui trouve toujours une résonance particulière auprès d’investisseurs potentiels.

Puisque l’on évoquait Léonard de Vinci, votre famille est propriétaire du Château du Clos Lucé, où il vécut les trois dernières années de sa vie. Quel sens attribuez-vous au lien entre « Renaissance » et « entrepreneuriat » ?

Le Clos Lucé, dernière demeure de Léonard de Vinci, accueille chaque année 350 000 visiteurs. Il s’agit certes d’un monument historique privé ouvert au public, mais c’est également aujourd’hui une entreprise culturelle et touristique, créatrice de valeurs, d’emplois et de richesses. A chaque génération, l’entreprise doit s’adapter, innover et renaitre, pour coller à son époque et ne pas disparaitre. Notre famille s’est donnée pour mission de transmettre au Clos Lucé l’héritage, la mémoire et la connaissance de Léonard de Vinci, géant de la Renaissance. A sa manière, il a été un tel précurseur que certaines de ces idées ou inventions se sont concrétisées avec cinq siècles d’avance sur son temps.

A son image, le Clos Lucé se doit d’être un patrimoine immatériel et vivant, résolument tourné vers l’avenir et utilisant toutes les technologies du futur. Nous  souhaitons non seulement faire du Clos Lucé un lieu de mémoire et de conservation, mais aussi et surtout un lieu de mise en mouvement. Notre métier a changé : de conservateur et passeur d’un patrimoine, nous mettons en mouvement ce patrimoine. Cela nécessite aujourd’hui de faire appel aux nouvelles technologies : économie digitale, réseaux sociaux, animations 3D… Cela semble un peu curieux a priori de parler d’innovations pour un monument historique, mais, par fidélité justement envers l’héritage visionnaire de Léonard de Vinci, nous nous devons d’innover. A l’instar de la plupart des grands monuments nationaux, nous nous sommes hissés à la pointe des dernières technologies pour transmettre la culture de ce lieu emblématique du génie de Léonard de Vinci et du phénomène civilisateur de la Renaissance. Le Clos Lucé est devenu « un Château pour le futur ».




Entreprises familiales : le prix Léonard de Vinci expliqué par François Saint Bris
François Saint Bris – diplômé d’Harvard Business School, de L’ESLSCA Paris, et d’une Maîtrise de Gestion Paris Dauphine, a assuré pendant 30 ans des fonctions de Direction Générale opérationnelle dans les secteurs High-Tech, grande consommation, tourisme, et conseil en management.

Il contribue au développement international du Groupe Kis en Australie, Etats-Unis puis au Canada en tant que General Manager. Il dirige au Royaume-Uni la filiale de distribution du groupe informatique Econocom. Il rejoint en 1990 le Groupe Bull comme Directeur Marketing et Ventes internationales de la Division Printing, puis est nommé Directeur Général International de Nipson Printing Systems. En 1996, il est recruté en tant que Directeur Général des Parfums Ulric de Varens. Il rejoint le conseil de 1998 à 2002 et devient Directeur Général de la filiale française de Nicholson International, cabinet anglo-saxon de Conseil en ressources humaines et de recrutement de cadres dirigeants par approche directe. Puis il crée Financière Kervellan un Cabinet de conseil en stratégie management et finance, spécialisé en fusions acquisitions, cession d’entreprises et capital développement pour sociétés à fort potentiel de croissance.

Depuis 2005, élu Président de la SAS Société d’exploitation SB, il anime, développe et gère l’entreprise culturelle et touristique familiale « Château du Clos Lucé-Parc Leonardo da Vinci ». Le Clos Lucé en constante et forte progression accueille aujourd’hui plus de 350 000 visiteurs par an et 40 000 scolaires dont 35% d’étrangers et se classe comme le 4 ° monument le plus visité dans la Région Centre.
 
François Saint bris a développé des domaines de compétences dans la gestion de Business Unit (création d’entreprise et restructuration), le marketing stratégique (alliances et partenariats), le développement commercial international (distribution directe et indirecte), le management opérationnel d’équipes pluriculturelles, la gestion de projets, l’accompagnement d’entreprises et le conseil en management (stratégie, finance, ressources humaines). 

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La Rédaction




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