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Le Huffington Post continue son implantation en Afrique




Vendredi 28 Juin 2013


Depuis la fin du mois de juin 2013, une édition en français du Huffington Post est présente au Maghreb. Baptisée Al Huffington Post Maghreb, cette édition devrait se concentrer sur une couverture de l’information principalement pour la Tunisie, le Maroc et l’Algérie. Déjà, il y a un mois, le Huffington Post présentait une version asiatique de son édition en s’implantant au Japon.



Huffington Post, un média de référence ?

Logo du Huffington Post
Logo du Huffington Post
Depuis sa création aux États-Unis en 2005 par Arianna Huffington, Kenneth Lerer et Jonah Peretti, ce média exclusivement présent sur Internet s’est considérablement développé. Il est aujourd’hui présent dans huit régions du monde : les États-Unis, la France, le Royaume-Uni, l’Espagne, l’Italie, le Canada, le Japon et le Maghreb. Son expansion n’est pas terminée, car des versions allemande, brésilienne et qatari sont prévues. Sur le marché des pure-players (les acteurs uniquement présents sur Internet) de l’information, le Huffington Post semble se démarquer en tant qu’acteur de référence au niveau mondial. Les petites structures et le peu de moyens nécessaires pour lancer une édition numérique font de ce média un des plus étendus dans l’univers de la presse numérique. En outre, sa renommée permet d’établir de manière rapide un lectorat conséquent, base du modèle économique reposant en partie sur la publicité.
 
En traitant des sujets aussi variés que l’actualité, la politique, la culture, la religion ou la vie quotidienne, en adaptant son positionnement éditorial en constituant des équipes locales, Al Huffington Post Maghreb a engagé pour ses trois rédactions, entre six à huit journalistes professionnels pour chacune d’entre elles. Le petit format de ces rédactions est toutefois commun à tous les acteurs pure-players. Kader Abderrahim, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques, spécialiste du Maghreb et de l’islamisme, et Maître de conférences à Sciences-po Paris est chargé de fixer la ligne éditoriale du site Internet. Par ailleurs, l’édition s’est lancée en partenariat avec la journaliste Alix Etournaud et l’entrepreneur tunisien Farès Mabrouk, co-fondateurs de l’Arab Policy Institute.
 
La stratégie du Huffington Post, à l’instar de son implantation dans les autres pays, a donc été de s’appuyer sur des acteurs locaux afin de créer une légitimité permettant une présence plus aisée dans le paysage médiatique local. L’introduction de ce média dans la sphère médiatique du Maghreb s’apparente à un positionnement déjà éprouvé par Slate (qui dispose d’une version « Afrique »), sur une région encore peu investie par les pure-players.

L’essor des pure-players

Globalement, le marché de la presse au format papier s’amenuise et nombre d’éditions classiques transfèrent une partie de leur édition vers un format numérique. Parallèlement, des acteurs essentiellement tournés vers le secteur numérique apparaissent : les pure-players. Ceux-ci, plus adaptés aux attentes des internautes, ont dans un premier temps bien mieux géré l’adaptation de l’économie de l’information au format numérique. Car les médias historiques ont pensé à tort que le simple fait de décliner leur édition papier en une édition en ligne serait un gage de succès sur Internet.
 
Mais le marché de l’information numérique est en réalité bien différent de celui de l’information classique. Les attentes du lectorat, les codes, les manières de communiquer ne sont pas les mêmes. Ainsi, des articles longs que l’on retrouve sur les formats papier ne sont pas si prisés par les internautes. Par ailleurs, une interaction à la fois entre l’éditeur et le public est régulièrement souhaitée. Les articles donnent lieu à des discussions, à des échanges. Plus qu’une édition, les journaux numériques constituent une place d’échange, un lieu dans lequel l’expression libre est la clef.
 
Dans cette optique, les médias classiques ont construit une stratégie à double étage : un renforcement du site Internet lié à l’édition papier, et la création de sites adaptés au format des pure-players. On parle ainsi de pure-player intégré lorsqu’un acteur qui évolue uniquement sur Internet s’adosse à un groupe ou une entité qui possède une présence sur un autre format (papier, télévision, etc.). Le Monde s’était timidement engagé dans cette voie avec Le Post, mais son image n’était pas assumée. Aujourd’hui le Huffington Post constitue en France un réel pure-player de référence lié au Monde, un pure-player intégré. Par ailleurs, Le Nouvel Observateur a pour sa part lancé Le Plus. Un format édulcoré et qui se différencie du média d’origine.
 
À l’aide d’un média référent ou sans, les journaux évoluent sur Internet avec cette dose d’incertitude propre à l’évolution future du marché. Certains positionnements apparaissent déjà gagnants comme celui de Médiapart. Ayant choisi un format d’accès par abonnement, il a misé sur la qualité de l’information et sur les enquêtes, souvent retentissantes, pour accroitre sa notoriété. Aujourd’hui, le média numérique engrange des bénéfices dans son résultat net. Un signe qu’il est possible de réussir en tant que pure-player dans la presse numérique ; encore faut-il disposer d’une bonne stratégie.





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