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Selon l’OIT, l’austérité est un piège pour l’emploi




Lundi 30 Avril 2012


Fin avril 2012, l’Organisation Internationale du Travail a publié son rapport sur la condition de l’emploi dans le monde. L’OIT y détaille une tendance des plus pessimistes pour les années à venir, et son directeur Raymond Torres y dénonce le « piège de l’austérité ».



Selon l’OIT, l’austérité est un piège pour l’emploi
Publié le 29 avril 2012, le rapport annuel sur l’emploi réalisé par l’Organisation Internationale du Travail s’avère des plus alarmants. Dans ce rapport en effet, l’OIT donne une estimation provisoire du nombre de chômeurs en 2011 et pour les années à venir. Ils seraient ainsi 196 millions en 2011, 202 millions en 2012 et 207 millions en 2013. La tendance anticipée par l’OIT est donc un mauvais présage pour l’emploi. L’Organisation Internationale du Travail évalue d’ailleurs le taux de chômage mondial à 6,1% pour l’année 2012.
Pour les rédacteurs du rapport, le jugement est sans appel : la crise mondiale de l’emploi serait rentrée dans « une nouvelle phase plus structurelle ». Parmi les symptômes de ce chômage structurel, l’OIT recense l’exclusion du marché de l’emploi que subissent certains travailleurs comme les chômeurs de longue durée. Par ailleurs, la précarisation du travail apparaît également comme un facteur tendanciel de fragilisation de l’emploi : les rédacteurs du rapport déplorent ainsi « un gaspillage des capacités de production, à mesure que les compétences se perdent du fait d’un changement trop fréquent d’emploi ».

L’OIT s’attend à ce que cette tendance difficile sur le marché de l’emploi affecte l’Europe tout particulièrement. D’après le rapport en effet, le chômage y a progressé dans près de deux pays sur trois depuis 2010. Mais le Vieux Continent n’est pas la seule zone présentée comme sinistrée: au Japon et aux États-Unis également l’emploi ne progresse plus.
Si le phénomène touche l’ensemble des pays de la Triade, les pays en développement ne sont pas épargnés pour autant. L’OIT met par exemple en garde contre un problème nouveau : en Chine notamment, l’offre d’emploi ne répond pas aux attentes du nombre croissant de jeunes actifs diplômés qui se retrouvent de plus en plus en situation de surqualification. Les rédacteurs du rapport saluent toutefois les « investissements publics et [de] protection sociale […] renforcés » qu'ils observent en Inde, en Amérique latine ou en Afrique du Sud. D’après le rapport en effet, ces initiatives se sont avérées utiles et ont porté des fruits malgré leur insuffisance pour soutenir une reprise durable du marché de l’emploi. Pour l’OIT, « une approche alternative » existe et ces quelques exemples en témoignent.

L’Organisation avance qu’ « il est peu probable que l’économie mondiale croisse à un rythme suffisant ces deux prochaines années pour, simultanément, combler le déficit d’emplois actuel et fournir du travail à plus de 80 millions de personnes qui devraient arriver sur le marché du travail au cours de la même période ».
Les politiques d’austérité, qui se sont globalement rependues en réaction à la crise de 2008, sont pointées du doigt par l’OIT qui y voie l’explication de l’aggravation de la situation de l’emploi dans le monde. « Le piège de l’austérité est en train de se refermer » affirme ainsi l’Organisation qui ne ménage pas sa critique à l’égard de telles politiques.

Consécutivement à la parution de ce rapport, l’OIT souhaite tirer la sonnette d’alarme : Raymond Torres, le directeur de l’Institut international d’études sociales de l’OIT, a ainsi interpelé l’Union Européenne. À cette dernière, il suggère de revoir la posture de la Banque européenne d’investissement notamment en faveur du crédit et de la création d’un « environnement d’affaires  plus favorable pour les petites entreprises ». Avec ce rapport, l’OIT donne donc son appui à une opinion contradictoire à la doctrine libérale qui a prédominé dans les débats sur l’économie politique au cours des 25 dernières années. L’Organisation ne condamne pas le contrôle des déficits publics, mais s’inquiète de voir cette question prendre l’ascendant sur l’objectif de création de richesse et de travail. Un point de vue qui ne manque pas de faire écho, en Europe, aux divers mouvements de contestation sociale qui ont secoué la Grèce, l’Espagne et plusieurs autres pays de l’Union au début de l’année 2012.





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