Un brin optimisme, la Commission européenne parle de l’accord comme s’il s’agissait de la fin de la concurrence entre Boeing et Airbus. Ne lui en déplaise, la course entre les deux constructeurs a encore de belles années devant elle. Pour autant, l’accord qui a été signé par le vice-président de la Commission européenne, Vladis Dombrovskis et la représentante américaine du commerce, Katherine Tai, est vraiment un tournant.
L’accord vise un apaisement de la situation entre les deux acteurs économiques sur l’opposition entre Airbus et Boeing sur les gros porteurs civils. « Les deux parties s'efforceront à présent de surmonter leurs anciennes divergences afin d'éviter de futurs litiges et de préserver des conditions de concurrence équitables entre leurs constructeurs d'aéronefs ; elles s'emploieront également à éviter l'apparition de nouvelles divergences. L'UE et les États-Unis sont également convenus de suspendre, pour une période de cinq ans, l'application de droits de douane préjudiciables, représentant un montant de 11,5 milliards de dollars, qui nuisent aux entreprises et aux personnes des deux côtés de l'Atlantique. Les deux parties collaboreront en vue d'analyser et de traiter conjointement les pratiques non concurrentielles de tiers susceptibles de nuire au secteur des aéronefs civils gros porteurs », triomphe la Commission européenne.
« Aujourd'hui, grâce à l'accord sur Boeing-Airbus, nous avons franchi une étape cruciale dans la résolution du plus long différend commercial de l'histoire de l'OMC. Je suis heureuse de constater qu'après un travail intensif entre la Commission européenne et l'administration américaine, notre partenariat transatlantique est en passe d'atteindre sa vitesse de croisière. Cela montre le nouvel esprit de coopération qui règne entre l'UE et les États-Unis, ainsi que notre capacité de résoudre les autres questions dans notre intérêt mutuel. Ensemble, nous obtiendrons des résultats pour nos citoyens et nos entreprises », a déclaré à ce sujet la président de la Commissione européenne, Ursula von der Leyen.
En entrant dans l’année 2020, Airbus visait 880 livraisons d’appareils. Mais rien ne s’étant passé comme prévu, l’annonce d’une année où 561 avions ont été livrés apparait comme une bonne nouvelle. « Airbus devrait finalement avoir livré l’an dernier 561 appareils, d’après une source interne. Un chiffre à comparer aux 863 livraisons assurées en 2019, soit une baisse de 35%. Le groupe, qui n’a pas souhaité confirmer ce chiffre, devrait dévoiler les données officielles dans les prochains jours. Cette chute de la production reste donc contenue, dans la mesure où Guillaume Faury avait annoncé en juin dernier une baisse de la production de l’ordre de 40%. Malgré l’incertitude dans lequel se trouve plongé le secteur aéronautique en raison de la pandémie mondiale, le cap fixé par le dirigeant à ce moment-là a bien été tenu. Et il devait être maintenu en 2021, ce que le groupe pourrait préciser le 18 février prochain à l’occasion de la présentation de ses résultats financiers » explique L’Usine Nouvelle.
Dans ce secteur où l’on analyse les résultats surtout en les comparant à la concurrence, Airbus tire son épingle du jeu. Car la crise Covid s’ajoute à la crise 737 MAX qui ne finit pas pour Boeing. Fin novembre, le groupe américain n’était parvenu à livrer que 118 appareils, contre 380 en 2019 et 806 en 2018.
« Attendu, ce niveau de livraisons d’Airbus n’en constitue pas moins un cataclysme, qui renvoie le groupe près de dix années en arrière. L’avionneur européen avait en effet livré 534 avions civils en 2011, puis 588 en 2012. En termes de chiffre d’affaires, directement corrélé au nombre de livraisons d’appareils, cela pourrait se traduire par une diminution de l’ordre de 20 milliards d’euros, la branche aviation civile ayant engrangé en 2019 un chiffre d’affaires de 54,7 milliards d’euros. La répartition entre les branches défense et hélicoptères, qui ont mieux résisté, devrait se rééquilibrer en leur faveur » appuie le site spécialisé.
Et pour 2021 les mêmes équilibres se précisent entre les deux concurrents. « Au 30 novembre 2020, derniers chiffres en date, l’avionneur européen a engrangé 297 commandes nettes (381 commandes brutes et 84 annulations), contre 768 en 2019. Sur cette même période, son rival américain fait grise mine, qui n’a relevé que 94 commandes. Si le mois de décembre n’est pas compatibilisé, il ne devrait pas à lui seul bouleverser la donne » conclue L’Usine Nouvelle.