Acier : l’Union européenne prend des mesures protectionnistes



Mardi 7 Octobre 2025


Bruxelles adopte une ligne plus ferme pour protéger la sidérurgie européenne : réduction de moitié des quotas d’importation et hausse des droits de douane à 50 %. Un virage stratégique qui illustre la volonté de l’Union de restaurer sa compétitivité face à la Chine et de sécuriser ses investissements industriels.



L’Europe resserre ses quotas et double ses droits sur l’acier

Le 7 octobre 2025, la Commission européenne a dévoilé un dispositif inédit pour sauver sa filière de l’acier, affaiblie par la concurrence asiatique et la crise énergétique. Les quotas d’importation seront divisés par deux, tandis que les droits de douane atteindront désormais 50 % au-delà de ces seuils. L’objectif est clair : ralentir la marée d’acier à bas prix venue de Chine, qui représente désormais plus d’un tiers du marché européen. Cette décision s’inscrit dans une logique de “protection de survie”, alors que la production européenne n’utilise plus que 70 % de ses capacités.

Les nouvelles règles, qui entreront en vigueur début 2026, s’appuient sur un suivi numérique des importations et un ajustement trimestriel des volumes autorisés. En fixant des plafonds inspirés des niveaux de 2012-2015, Bruxelles veut “rétablir la visibilité et la stabilité des prix”. Les États membres, dont l’Allemagne et la France, ont soutenu ce virage protectionniste jugé indispensable à la pérennité d’un secteur clé pour l’automobile, la construction et la défense.

Un bouclier industriel au service de la souveraineté européenne

Pour la Commission, cette politique commerciale s’inscrit dans une stratégie plus large de souveraineté industrielle. L’Europe assume désormais une approche sélective : protéger les filières stratégiques, à commencer par l’acier, tout en accélérant leur décarbonation. Le plan européen pour un acier vert prévoit plus de 35 milliards d’euros d’investissements dans les fours électriques et l’hydrogène vert d’ici 2030. “Ce n’est pas du protectionnisme, c’est de la réciprocité économique”, a déclaré le commissaire à l’Industrie Stéphane Séjourné.

Les effets se font déjà sentir : les cours européens se stabilisent, et les grands groupes comme ArcelorMittal ou Thyssenkrupp saluent une “décision de survie”. Mais Pékin dénonce une “discrimination commerciale” et menace de porter l’affaire devant l’OMC. L’Union, de son côté, assume un positionnement plus ferme, aligné sur les États-Unis, pour défendre ses intérêts industriels. En serrant la vis, Bruxelles envoie un message clair : l’Europe n’a plus vocation à être le débouché des surcapacités mondiales, mais un acteur souverain de la compétition économique mondiale.

Adélaïde Motte