Alstom : la fin de la traversée du désert ?



Lundi 11 Mars 2013


Ébranlé pendant la crise de 2008, le groupe Alstom apparaît début 2013 dans une vigueur remarquable. L’entreprise a renoué avec la stabilité économique et a décroché un contrat stratégique au Canada. Bien que ce chantier soit du meilleur augure pour l’avenir de la firme, celle-ci revient de loin et sa conquête de la stabilité doit encore être confirmée.



Les premiers mois de l’année 2013 s’annoncent très positifs pour Alstom. Le géant du transport et de l’énergie dégage en effet à nouveau du cash, et son carnet de commandes a gonflé de 14 % au cours des neuf premiers mois de l’exercice. Mieux encore, le groupe a annoncé début mars 2013 dans un communiqué son entrée sur le marché canadien de l’éolien.
 
« Alstom et NaturEner Energy Canada ont conclu un accord pour la fourniture de 414 MW d’éoliennes qui seront installées […] dans la région d’Alberta au Canada », peut-on ainsi lire sur le document daté du 7 mars 2013. Ce contrat comprend la construction de 138 éoliennes, ce qui correspond à un chantier d’environ 420 millions d’euros. Alstom ne devrait commencer à récolter les fruits de ce contrat qu’à partir de l’exercice 2013-2014 ; des perspectives qui regonflent véritablement la confiance de l’entreprise.
 
Car avec cette opportunité canadienne Alstom s’offre un retour de choix sur ses marchés historiques. Il faut dire qu’Alstom traverse depuis le début des années 2000, une période trouble. Alors que Patrick Kron était placé à la tête de l’entreprise en 2003, celle-ci déclarait 1,4 milliard d’euros de perte et plus de 5 milliards d’euros de dette. Alstom est alors sur le fil du rasoir.
 
Quelques années plus tard, la crise de 2008 lui porte un second coup dur. L’entreprise doit alors gérer un phénomène historique. Alstom est en effet confrontée à la première baisse de la consommation mondiale d’électricité en plus d’un demi-siècle. Pour cette entreprise fondée en 1928, cette conjoncture est rapidement devenue synonyme de profond bouleversement de son rythme de développement. Pour réagir au recul de ses marchés historiques que sont l’Europe de l’Ouest et l’Amérique du Nord, Alstom a opéré un redéploiement stratégique. Le groupe s’est notamment alors intéressé à la demande des pays en développement.
 
Cette stratégie porte véritablement ses fruits puisque les résultats du groupe s’améliorent à la faveur du décollage économique des BRICS, qui comptent désormais parmi les clients du groupe. Forte de ces nouveaux appuis, Alstom revient ensuite progressivement sur ses marchés habituels en proposant des technologies nouvelles. L’éolien en est un exemple, mais on pourrait aussi citer la géothermie ou le smart grid. La diversification de son offre semble avoir permis la survie d’Alstom. Ainsi 2013 sera peut-être pour elle l’année d’un nouveau départ, mais la prudence reste de mise : entre 2003 et 2006, Alstom a été profondément restructurée. Ses effectifs ont par exemple presque été divisés par deux, et en 2013, c’est donc une organisation nouvelle qui repart à l’assaut du marché américain.

Arthur Fournier
Dans cet article : Alstom Canada contrat énergie éolien