Boissons énergisantes : vers un nouveau cadre légal ?



Lundi 28 Janvier 2013


Les energy drinks sont-elles nocives pour la santé ? C’est la question à laquelle le parlement américain est confronté depuis le milieu d’année 2012. Plusieurs cas d’intoxication suivis de mort de jeunes enfants et ayant pour origine la consommation de boissons énergisantes ont en effet secoué l’opinion publique américaine. Alors que s’est ouvert aux États-Unis un débat sur la nécessité de restreindre l’accès des plus jeunes à ce type de breuvage, la situation ne peut qu’interpeler sur le cas français.



En janvier 2013, les compagnies Red Bull et Monster, toutes deux fabricantes de boissons énergisantes, se sont associées dans le cadre d’une campagne d’information à l’attention des législateurs américains. L’objectif : montrer patte blanche à un moment où le parlement serait en effet enclin à légiférer sur l’accès aux energy drinks dont on soupçonne l’implication dans plusieurs cas de décès sur le sol américain.
 
L’U.S. Food and Drug Administration (FDA) a rendu publique une information fin 2012 qui n’est pas sans soulever une réelle polémique. La FDA a en effet remarqué que le nom de certaines de ces boissons était cité à plusieurs reprises dans des cas de mort par arrêt cardiaque. L’évènement déclencheur de ce débat semble être la mort d’une jeune fille de 14 ans, décédée des suites d’une arythmie cardiaque induite par la caféine après avoir consommé deux canettes de boissons énergisantes en moins de 24 h.
 
Si la FDA a alerté l’opinion publique sur ces cas de décès c’est évidemment pour choquer les esprits. Une démarche qui n’est pas pour flatter les producteurs de boissons énergisantes qui entendent se défendre ainsi que leurs produits. Ce faisant la FDA a tout de même le mérite de mettre le doigt sur un risque peu connu lié à ce breuvage.
 
Les boissons énergisantes sont en effet très concentrées en principes excitants. Caféine, taurine et autre théophylline sont les arguments de vente de ces boissons, mais aussi des substances que l’on ne serait conseiller à de jeunes enfants. Car si la plupart des produits standard mis en vente sur le marché contiennent 80 grammes de caféines, une canette grand format d’energy drink peut contenir jusqu’à 240 milligrammes de caféine. C’est près de la moitié de la limite des 600 grammes recommandés par les médecins pour un sujet un adulte.
 
Compte tenu de la composition des boissons énergisantes, ces produits se trouvent être depuis leur arrivée en France sous la surveillance de l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSES). Sans ambiguïté, l’ANSES « rappelle que ces boissons sont réservées à l’adulte et déconseillées aux femmes enceintes ». Les fabricants eux-mêmes expliquent que leurs produits sont destinés aux adultes. Mais les boissons énergisantes n’en restent pas moins librement accessibles à tout jeune consommateur en France, comme aux États-Unis.
 
Dans un contexte incertain sur le plan de la santé publique, il n’est donc pas impossible que les conditions légales de ventes de boisson énergisantes changent à l'avenir. En Norvège par exemple, la loi interdit la vente de ces produits aux enfants de moins de 15 ans. En 2013, le principe de précaution qui a inspiré les législateurs norvégiens semble avoir aujourd'hui toutes les chances de faire des émules ailleurs dans le monde, à commencer par les États-Unis.

Arthur Fournier