Pourquoi la complémentaire monte : transfert, coûts et incertitudes
Le premier moteur de cette hausse est le transfert de charges : l’Assurance Maladie délègue des remboursements vers les complémentaires, alourdissant leur rôle. Ainsi Magnolia.fr rappelle qu’un montant d’environ 3 milliards d’euros pourrait être répercuté sur les organismes complémentaires pour compenser certaines prestations désormais moins prises en charge publiquement. Cela pèse directement sur le niveau des cotisations.
Par ailleurs, la hausse des coûts médicaux reste forte. Malgré une inflation globale modérée, les actes de spécialistes, les soins d’auxiliaires médicaux et l’équipement médical continuent de croître. TF1 Info rapporte que le cabinet Addactis table sur une hausse des tarifs entre 3,4 % et 10 %, en soulignant que les assureurs font face à une « forte incertitude sur la fin d’année 2025 » quant à leurs charges.
Cette double pression – transfert et inflation médicale – s’inscrit dans une incertitude structurelle. Pour préserver leurs marges de solvabilité, les complémentaires anticipent dès maintenant des décalages possibles de sinistralité, ajustements réglementaires ou primes impayées, ce qui justifie des marges de sécurité supplémentaires dans les tarifications.
Combien les primes vont-elles augmenter ? Fourchettes, médianes, disparités
Les estimations convergent vers une fourchette générale de 3,4 % à 10 % d’augmentation des cotisations en 2026, tous types de contrats confondus (TF1 Info, 23/09/2025 ; Boursorama, 23/09/2025 ; Magnolia.fr, 23/09/2025). Boursorama donne un plafond explicite : « jusqu’à 10 % ».
Pour les contrats individuels, Addactis prévoit une hausse médiane de 5 %, avec un intervalle de 3,4 % à 10 %. Pour les contrats collectifs, la fourchette serait comprise entre 3,6 % et 9 %, avec une médiane à 6,2 %.
TF1 Info ajoute que les augmentations envisagées seraient légèrement moins fortes qu’en 2025. En collectif, les revalorisations 2025 avaient varié de 5,5 % à 9,5 %, et en individuel de 4,5 % à 8,5 %. Selon Selectra, une position plus prudente avance une hausse de +2,5 % à +3,5 % pour la santé, mais ce scénario apparaît en décalage avec le consensus des cabinets spécialisés.
Les disparités intercontrats seront marquées. Certains portefeuilles collectifs solidaires avec des négociations rigoureuses pourraient rester sous les 5 %, tandis que les contrats individuels, notamment pour publics plus âgés, seront plus exposés à la hausse maximale. Des hausses internes déjà planifiées chez certains assureurs confirment que l’ajustement tarifaire sera appliqué dès le 1ᵉʳ janvier 2026 selon les segments.
Impacts pour les assurés et leviers d’atténuation
Pour les ménages, la hausse de la complémentaire se traduit par une charge supplémentaire notable. Une augmentation de 5 % sur un contrat à 60 €/mois génère 36 €/an. Pour des profils à garanties élevées ou des retraités, cela peut excéder 50 à 100 €. L’idée d’un doublement des franchises médicales, évoquée dans des discussions préliminaires, ajouterait une charge directe, en particulier pour les actes courants.
Du côté des entreprises, le renchérissement des contrats collectifs oblige à négocier plus fréquemment avec les assureurs ou à recalibrer les garanties. Les salariés pourraient ressentir une baisse du pouvoir d’achat si l’employeur transfère une part de l’augmentation. Les courtiers recommandent de segmenter les garanties, d’optimiser les plafonds et d’exploiter les appels d’offres pour limiter la hausse.
Plus largement, les assurés disposent de plusieurs leviers pour limiter l’impact : surveiller la résiliation annuelle, comparer les offres, moduler les garanties non essentielles, ajuster les franchises. Le contexte réglementaire pourrait aussi évoluer : un ajustement du panier de soins obligatoire ou un assouplissement des contraintes des contrats responsables pourraient offrir une marge de manœuvre tarifaire future.