Crise de la Grèce : la solidarité européenne mise à l’épreuve



Jeudi 1 Mars 2012


À l’heure où Bruxelles souhaite se prémunir plus en amont contre les crises financières en adoptant le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance, qui interdit aux États de voter des budgets en déséquilibre, l’Union Européenne poursuit son effort de soutien à la Grèce et se prépare à mettre en oeuvre un deuxième plan d’aide.



En janvier dernier, le taux de chômage de l’Union Européenne franchissait la barre historique des 10%. Face à la peur de la crise, les 25 ne renoncent pas pour autant à la rigueur et à la chasse aux déficits publiques. En effet, les parlementaires européens ont adopté le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance. Ce traité interdit aux membres de l’Union de voter des budgets déficitaires à hauteur de plus de 3% de leur PIB.
 
Ce projet soutenu par l’Allemagne pose toutefois certains problèmes à des États membres comme l’Espagne ou le Portugal dont la situation budgétaire est déjà déficitaire. Or il est pour ces États très délicat de renoncer à la marge de manœuvre que confère le déficit à leurs politiques économiques et sociales domestiques dans un contexte de chômage exacerbé.
 
Mais la Commission européenne a fait son choix : celui de conserver la confiance des marchés financiers. La stabilité demeure le maître-mot. Un leitmotiv qui n’est pas sans servir la situation grecque. En effet, l’Union Européenne, soucieuse de sécuriser l’avenir d’une Grèce solvable en son sein, continue de la soutenir financièrement. Ainsi le Fond Européen de Stabilité Financière (FESF) s’apprête à amorcer un deuxième plan d’aide à la Grèce.
 
Le 21 février dernier, l’Eurogroupe proposait au FESF de verser une aide de 130 milliards d’euros soumise à condition. La Grèce touchera l’aide si elle accepte de réformer son économie selon des directives fixées par les ministres des Finances de la Zone Euro. C’est aujourd’hui chose faite : le parlement grec a fini, le 1er mars, d’adopter les textes de lois nécessaires pour mettre en œuvre les 38 « réformes prioritaires » préconisées par l’Eurogroupe. Parmi celles-ci, la Grèce aura la charge de sa consolidation budgétaire, de la réforme de son système de retraite ou encore de la régulation de son secteur financier.
 
L’Eurogroupe se félicite de l’avancement du dossier et espère des retombées favorables en termes de stabilité : si le deuxième plan d’aide à la Grèce est effectivement employé, le pays sera notamment en mesure de rembourser le 20 mars prochain 14,5 milliards d’emprunts obligataires.
 
Une ultime condition demeure toutefois pour que les ministres de l’Eurogroupe donnent leur accord formel. À l’issu du 8 mars prochain la Grèce devra avoir finalisé l’échange de près de 200 milliards d’euros de titres de dette souveraines grecs détenus par des créanciers privés par de nouvelles obligations d’une valeur de la moitié de cette somme. L’Eurogroupe souhaite voir la Grèce parvenir à échanger au moins trois quarts de ces titres pour alléger significativement sa dette et lui accorder l’aide du FESF. Ainsi, l’issue de deuxième plan d’aide de l’Union Européenne à destination de la Grèce devrait être connue aux alentours du 14 mars.

Si l’ensemble de la communauté européenne continue de s’avancer dans la voie de la rigueur, ce que certains pays membres ressentent comme un sacrifice bénéficie néanmoins à leurs homologues les plus affaiblis. La solidarité européenne s’accommode pour le moment assez bien des impératifs de stabilité financière mais le pari de voir la Grèce rapidement sur pied est encore incertain. La situation semble évoluer néanmoins : la Grèce met par exemple à profit le sursis que lui offre l’Union Européenne pour consolider ses infrastructures comme en témoigne le contrat signé ces derniers jours par Alstom en partenariat avec le groupe grec Avax pour l’extension du métro d’Athènes.

La Rédaction