Défense : l'industrie mobilisée dans la production d'armement ?



Mercredi 27 Mars 2024


Une partie de l'industrie française pourrait très prochainement être réquisitionnée pour assurer la cadence de production militaire française. Évoquant le passage à une économie de guerre, l'annonce a été faite par le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, lors d'une conférence de presse, mardi 26 mars 2024.



Le ministère des Armées prêt à réquisitionner l'industrie

Dans une démarche sans précédent, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, n'a pas hésité à évoquer la possibilité de mobiliser l'industrie française de défense à travers des réquisitions de personnel, de stocks et d'outils de production, le but étant d'assurer la défense de la France ainsi que le soutien militaire de la France à l'Ukraine. « Pour la première fois, je n'exclus pas d'utiliser ce que la loi permet au ministre et au délégué général pour l'armement (DGA) de faire, c'est-à-dire si le compte n'y était pas en matière de cadence et de délais de production, de faire des réquisitions le cas échéant ou de faire jouer le droit de priorisation », a déclaré Lecornu. Cette annonce fait écho à l'objectif annoncé de production de 100.000 obus de 155mm pour 2024, dont 80.000 étant destinés à l'Ukraine, les 20.000 restant à l'armée française. 

Ces réquisitions, bien qu'envisagées comme dernier recours par le ministre des Armées, pourraient néanmoins être effectives « dans les toutes prochaines semaines ». Ces dernières entrent en effet dans le cadre de la Loi de programmation militaire adoptée à l'automne 2023. Cette démarche, décrite par le ministre comme « l'outil le plus dur de notre arsenal juridique », vise à assurer la cadence de production ainsi que des niveaux de stock minimaux d'armement. 

Prioriser les commandes militaires sur les besoins civils

Face à des délais de livraison jugés trop importants, notamment pour les missiles anti-aériens Aster, le ministère des Armées vise à accélérer la production d'armement française. « La question de prioriser chez les sous-traitants de MBDA pour le missile Aster la commande militaire, en priorité sur une commande civile, est quelque chose qui est évidemment complètement envisageable », a martelé Sébastien Lecornu.

Cette ambition de réduire les délais s'accompagne d'un appel à une « rupture culturelle » chez les industriels, ces derniers étant plus qu'invités à revoir leur mode de fonctionnement. Avec une commande de 200 missiles Aster passée en janvier 2023 pour un montant de 900 millions d'euros et une livraison attendue en 2026, il est impératif pour la France de réduire ses temps de production. Et ce d'autant plus que, comme le souligne le ministre, « désormais, on a des contrats opérationnels concrets sur lesquels nous avons une sollicitation ».

 

Axelle Ker