Éblouissement solaire : un risque pour la filière photovoltaïque



Lundi 22 Septembre 2025


L’incident de Schiphol et la création d’un collectif français relancent le débat sur les risques d’éblouissement causés par les panneaux solaires. Entre sécurité aérienne et développement du photovoltaïque, les entreprises sont confrontées à un dilemme réglementaire et économique majeur.



L’incident de Schiphol, un avertissement coûteux pour la filière

En mars 2025, l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol a dû fermer sa piste principale deux heures par jour en raison de reflets de panneaux solaires voisins. L’éblouissement a perturbé des dizaines de pilotes, contraignant les autorités à rediriger jusqu’à 85 vols quotidiens et à supporter une hausse des nuisances sonores pour les riverains. Rapidement, 5 000 panneaux ont été démontés, avant qu’un tribunal n’ordonne le retrait de 78 000 unités supplémentaires, confirmant le coût élevé d’une mauvaise anticipation.

Ce précédent illustre les risques financiers et juridiques liés à l’intégration du photovoltaïque près des aéroports. Pour les développeurs, chaque projet peut devenir une source de contentieux si les études de sécurité ne sont pas menées en amont. Au-delà du coût du démantèlement, c’est la crédibilité même de la filière solaire qui se retrouve fragilisée, avec un risque direct sur l’attractivité de nouveaux investissements.

La France face à une régulation contestée

En octobre 2024, la DGAC a supprimé l’obligation de réaliser des études d’éblouissement autour des aérodromes, invoquant la simplification administrative. Mais en juin 2025, un collectif baptisé PV-REST, réunissant pilotes, contrôleurs aériens, avocats et développeurs, a vu le jour pour réclamer le rétablissement de cette exigence. Selon lui, une étude coûte en moyenne 3 500 euros et se réalise en deux semaines, un investissement minime comparé aux risques encourus.

Pour les entreprises, l’enjeu est double : préserver la sécurité aérienne tout en sécurisant leurs modèles économiques. L’absence de cadre clair expose les développeurs à une responsabilité juridique directe en cas d’incident, ce qui accroît leur vulnérabilité financière. Dans un contexte où la transition énergétique nécessite la confiance des investisseurs et du public, l’harmonisation européenne des règles apparaît comme une priorité stratégique.

Adélaïde Motte
Dans cet article : aviation panneaux solaires