Gaz russe : l’Union européenne met fin aux importations d’ici 2027



Lundi 20 Octobre 2025


L’Union européenne tourne la page du gaz russe. En actant l’interdiction totale de ces importations d’ici à fin 2027, Bruxelles impose une transformation profonde au marché énergétique et aux entreprises européennes.



Une décision politique aux répercussions économiques immédiates

Le 20 octobre 2025, les ministres de l’Énergie des Vingt-Sept ont adopté un texte clé : la fin de toutes les importations de gaz russe avant le 31 décembre 2027. Ce virage s’inscrit dans le prolongement du plan REPowerEU, né en réaction à l’invasion de l’Ukraine et à la dépendance européenne vis-à-vis de la Russie. L’objectif est clair : sécuriser les approvisionnements, stabiliser le marché intérieur et consolider la souveraineté énergétique du continent.

Mais l’impact économique sera immédiat. En 2021, près de 45 % du gaz européen provenait de Russie ; ils ne sont plus que 19 % aujourd’hui, selon Eurostat. Ce retrait accéléré se traduit par une hausse durable des coûts d’importation, un recours accru au GNL, et une pression supplémentaire sur les marchés spot. Les entreprises énergétiques et les industries gazo-intensives doivent désormais s’adapter à un environnement où le gaz russe, historiquement bon marché, n’est plus disponible.

Nouvelles routes du gaz et recomposition du marché européen

Cette interdiction du gaz russe reconfigure tout le marché. La Norvège s’impose désormais comme premier fournisseur de l’UE avec 33 % des volumes importés, tandis que les États-Unis, le Qatar et le Nigeria montent en puissance via le GNL. En parallèle, les États membres investissent massivement dans les terminaux flottants et les interconnexions : l’Allemagne compte cinq nouvelles unités de regazéification et la France, malgré la décision judiciaire visant le terminal du Havre, reste un hub stratégique grâce à ses sites de Fos, Montoir et Dunkerque.

Pour les entreprises, cette transformation ouvre autant de risques que d’opportunités. Les énergéticiens doivent sécuriser leurs contrats long terme, les industriels reconfigurer leurs chaînes d’approvisionnement, et les États planifier des infrastructures capables d’absorber la nouvelle géographie du gaz. Le calendrier de 2027 agit ainsi comme un compte à rebours : il impose une recomposition rapide du tissu énergétique et industriel européen, tout en révélant les fragilités logistiques et financières de la transition.

Adélaïde Motte
Dans cet article : gaz russie union européenne