L’Asie, nouvel eldorado pour les opérations de M&A



Jeudi 27 Janvier 2011


Le nouvel indice MARC (Mergers and Acquisitions Research Center de la Cass Business School) « M&A Maturity Index » constitue une réelle innovation. Il reflète la capacité d’un pays à attirer et soutenir les opérations de fusions-acquisitions. Il permet d’évaluer et de classer les pays selon la maturité de leur activité de Fusions & Acquisitions (M&A). Ernst & Young a contribué à l’élaboration de cet indice et en est le sponsor.



L’étude évalue les risques et opportunités en présence dans différentes parties du monde en fonction de six types de facteurs : économiques, financiers, politiques, réglementaires, socio-culturels et technologiques. Chacune de ces catégories se divise en plusieurs sous-facteurs, pondérés pour produire un score global : « l’indice de maturité M&A du MARC ».

Cet indice présente un coefficient de corrélation de 0,811 avec l’activité de fusions-acquisitions, un chiffre plus de deux fois supérieur à celui obtenu par « l’Indice de protection des investisseurs » ― seulement 0,30 ― établi par le groupe « Protecting Investor Index » de la Banque mondiale.

Sur les 175 pays analysés dans cette première étude, les bastions traditionnels de l’activité de fusions-acquisitions, tels que le Royaume-uni, et es États-Unis figurent sans surprise en tête du classement. Certains pays émergents, tels que la Malaisie, Israël et le Chili, se distinguent également par leurs bonnes performances dues à des spécificités marquées des pays. Ainsi, le Chili, 24e, affiche un score MARC de 1,4 (94 %) sur la question des facteurs politiques, à égalité avec le Royaume-uni et les États-Unis.

Parmi les résultats les plus surprenants de cette étude, on remarquera sur les marchés instables et en transition, la corrélation positive entre l’activité M&A et les contextes de fort changement politique. En revanche, l’environnement politique et le niveau de développement technologique n’ont pratiquement aucun impact pour les marchés M&A matures, ces derniers étant déterminés par les facteurs socio-culturels.

Le score de 1.5 (86%) de la France révèle un marché très favorable aux fusions et acquisitions. La France occupe selon l’index le 4ème rang mondial (sur 175 pays), à égalité avec le Japon et les Pays-Bas. La France bénéficie d’un environnement innovant pour les affaires et d’un environnement socioculturel mature. La France est cependant pénalisée par des régulations moins favorables en comparaison avec d’autres marchés comparables. Les lois de l’Union Européenne, en particulier celles liées au marché du travail, contraignent en effet les opérations et les intégrations.

Après l’Amérique du nord et l’Europe de l’ouest, l’Asie apparaît comme la région la plus propice à l’activité de fusions-acquisitions. La Corée du sud, Singapour et Hong Kong obtiennent des scores proches de l’Australie et l’Allemagne, preuve que l’activité M&A dans ces pays est désormais mature.
L’indice de maturité M&A révèle également que le marché des fusions-acquisitions en Chine, est loin d’exploiter encore tout son potentiel, et est en retard sur la croissance économique du pays. Une étude plus fine des résultats fait apparaître que si la Chine enregistre de bonnes performances sur l’ensemble des critères retenus, elle obtient respectivement des scores médiocres de 3,0 (50 %) et 3,3 (40 %) sur les questions de stabilité politique et de réglementation.

Alexis Karklins, associé responsable du pôle Capital Transformation d’Ernst & Young, précise : « Les marchés les plus matures sont évidemment ceux qui traditionnellement participent le plus aux opérations de fusions-acquisitions. Toutefois, la Malaisie, Israël, la République tchèque et le Chili apparaissent tous dans la partie supérieure du classement. Ces bonnes performances s’expliquent par des facteurs relativement distincts. Ainsi, la Malaisie domine les volets économiques et financiers, Israël se distingue par ses performances dans le domaine de la technologie, la République tchèque s’impose sur le terrain socioculturel et le Chili est porté par une stabilité politique plus établie que celle de ses voisins. Ces États devancent les pays BRIC généralement mentionnés dans les analyses sur les principaux marchés émergents. »

Parmi les BRIC, la Chine dépasse le Brésil, l’Inde et la Russie dans ce classement.

Vincent Paul-Petit, associé responsable du département Ernst & Young Corporate Finance souligne :
"Le M&A est un outil de plus en plus important pour les entreprises qui souhaitent gagner le pari de la croissance. Cela conduit nombre d’entre elles à examiner les marchés émergents pour y réaliser des acquisitions. Les investisseurs parlent souvent des BRIC comme d’un ensemble homogène. Il y a cependant des différences marquées entre le climat économique du Brésil et celui de la Russie, ou encore entre le climat socio culturel en Inde et en Chine. Les transactions M&A réussies reposent aussi sur la qualité de l’appréciation et de l’évaluation des risques. Les investisseurs doivent maîtriser ces éléments avant de se lancer dans ce type de transactions."

Co-auteur de l’étude et directeur du MARC, le professeur Scott Moeller de Cass Business School déclare : « L’indice de maturité M&A du MARC fournit une indication solide sur la maturité des opérations de fusions-acquisitions à l’échelle des pays ; il offre une base de travail concrète à d’éventuels projets de transactions sur des marchés moins connus. La mise à jour annuelle de ces données permettra de dégager certaines tendances et de suivre dans le temps les évolutions régionales de la maturité des opérations de M&A. Cet indice dévoile le potentiel intrinsèque que recèlent les marchés non traditionnels pour les entreprises qui se préoccupent de croissance externe. Il sera intéressant de suivre l’évolution du classement au fil du temps. »


Source: Ernst & Young

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