L’affaire Khashoggi impacte jusqu’aux relations entre les Etats-Unis et l’Arabie



Lundi 22 Octobre 2018


Washington, pourtant alliée historique et indéfectible de Ryad, n’hésite plus à critiquer frontalement les incohérences dans le dossier du journaliste Jamal Kashoggi. Sauvagement tué dans le consulat d’Arabie Saoudite en Turquie, la mort du journaliste affaiblit considérablement la pétromonarchie.



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Lorsque des opposants internes étaient emprisonnés ou même tués en Arabie Saoudite, la diplomatie américaine se faisait très discrète. Les deux pays sont alliés intimes depuis les années 1950 et la relation économico-sécuritaire a toujours été la priorité absolue. Mais avec le feuilleton macabre sur le sort réservé au journaliste en exil Jamal Kashoggi, certaines positions ne sont plus tenables. Et notamment celle du pouvoir saoudien qui a essayé de cacher la vérité et n’a eu de cesse de se contredire. Des versions contradictoires d’une affaire très médiatique qui ont obligé les pays alliés à se désolidariser. « Les doutes atteignent même les États-Unis, le plus proche allié du royaume, face à cette version des faits qui dédouane le pouvoir à Riyad, en particulier le prince héritier Mohammed Ben Salman (MBS). Après avoir jugé « crédible » l'explication de la justice saoudienne, Donald Trump évoque désormais des « mensonges » de Riyad. « Il y a manifestement eu tromperie et mensonges », a-t-il confié samedi au Washington Post, auquel collaborait le journaliste saoudien. « Leurs histoires partent dans tous les sens », a ajouté le président américain, qui répète qu'il va s'entretenir avec MBS » raconte Le Figaro.
 
Incapable de maitriser la fuite d’informations puisque les autorités turques semblent tout savoir sur ce qui s’est passé, le prince hériter saoudien est en grande difficulté. Le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne ont publié un communiqué commun qui demande qu’une explication claire et cohérente soit donnée par le pays. La réponse de l’Arabie ne semble pas au rendez-vous puisque le Prince héritier MBS vient d’être nommé à la tête d’une commission d’enquête sur les services de renseignements locaux. Un non-sens quand tous les doigts pointent ce dernier comme responsable de ce chaos diplomatique.
 
Du côté de la France, la patience de l’exécutif en dit long sur les espoirs de gros contrats. Même quand il cherche à être ferme, et en dépit du bon sens, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire soutient que le pouvoir saoudien va dans le bon sens : « Soit les autorités (saoudiennes) continuent à aller dans la direction dans laquelle elles vont - établir la vérité, avoir une enquête sérieuse et avoir des faits qui sont établis -, et dans ce cas-là, je pense que ça permettra de conserver des relations fortes stratégiques avec l'Arabie. Si ce n'est pas le cas, personne ne le comprendra, ni la France, ni l'Union européenne, ni les États-Unis », a-t-il déclare.

Joseph Martin