La France emprunte désormais plus cher que l’Italie à 10 ans



Lundi 6 Octobre 2025


Les marchés obligataires européens observent un phénomène symbolique : la France doit maintenant offrir un rendement légèrement supérieur à celui de l’Italie pour emprunter sur dix ans. L’OAT 10 ans française, à 3,591 %, devance désormais le BTP 10 ans italien, à 3,584 %. Ce différentiel suggère une reconfiguration de la perception du risque souverain dans la zone euro.



Pourquoi la France paie désormais un peu plus qu’Italie ?

Depuis des années, les investisseurs considéraient la dette française comme plus sûre que l’italienne, ce qui lui permettait d’emprunter à des taux plus faibles. Or aujourd’hui, alors que l’écart se resserre à 7 points de base, la hiérarchie traditionnelle vacille.

Le niveau d’endettement français, conjugué à des déficits structurels persistants, pèse sur la confiance des investisseurs. Les perspectives de réformes budgétaires ne sont pas assez convaincantes pour apaiser les marchés, qui exigent désormais une prime de risque plus élevée pour prêter à la France. Même si l’Italie demeure confrontée à des défis de long terme, elle parvient à stabiliser sa gestion budgétaire et à rassurer les marchés. Le fait que le rendement du BTP reste contenu à 3,584 % témoigne d’une acceptation par les investisseurs de cette “nouvelle normalité”.

Avec les taux longs à la hausse dans toute l’Europe, les investisseurs comparent sévèrement les obligations souveraines. Un pays perçu comme plus risqué voit son rendement monter plus fortement que ses pairs. Ici, la France est pénalisée dans ce jeu d’équilibrage alors que son Premier ministre, Sébastien Lecornu, a démissionné au bout de 27 jours et moins de 24 heures après avoir nommé son gouvernement.

Quelles conséquences pour la France, l’Italie et la zone euro ?

Pour la France, la première conséquence est une augmentation du coût de la dette même si la différence est faible. Mais, surtout, la France perd l’avantage systématique face à l’Italie, ce qui affaiblit le statut de la France comme référence centrale dans la zone euro. Pour inverser la tendance, Paris devra renforcer sa rigueur budgétaire, clarifier ses choix et restaurer la confiance des marchés.

Ce renversement traduit également une redistribution des repères dans l’évaluation du risque souverain. Les marchés semblent désormais privilégier la crédibilité actuelle plutôt que l’historique ou le simple niveau de dette. Si plusieurs États réputés “safe” montrent des signes de faiblesse, la confiance globale dans l’union monétaire pourrait être remise en cause.





 

Paolo Garoscio