Les réseaux SOROS à la conquête de l'Afrique



Mercredi 17 Mai 2017


Soros : une philanthropie partisane ?



George Soros est au cœur de l’actualité en Hongrie, son pays d’origine, où il fait l’objet de violentes attaques par le Président Viktor Orban. Celui-ci menace de fermer l’Université d’Europe centrale (CEU) fondée en 1991 par le milliardaire américain et depuis financée par ses soins ; les ONG sont également dans le viseur, avec l’obligation de désormais déclarer leurs ressources de provenance étrangère : une mesure qui pourrait bien avoir des répercussions sur le fonctionnement des nombreuses ONG hongroises subventionnées par l’Open Society Foundation (OSF), la fondation de George Soros (celle-ci a distribué 3,4 millions d’euros à des ONG hongroises en 2016). Pourquoi cette opposition, pourquoi l’action philanthropique de George Soros fait-elle peur ?
 
Dans un ouvrage sur « les réseaux Soros à la conquête de l’Afrique », Stéphanie Erbs, experte en communication et en analyse stratégique, Vincent Barbé et Olivier Laurent, anciens officiers de renseignement, experts en gestion des risques et en géopolitique, et dirigeants de la société Adytum Security, tous trois titulaires d’un MBA en Intelligence économique de l’Ecole de Guerre économique, analysent l’action philanthropique du célèbre milliardaire américain et sa considérable influence, en prenant pour appui l’exemple de son action en Afrique.

Alpha Condé et Georges SOROS
George Soros s’est très tôt dans sa carrière engagé dans une action philanthropique soutenue. Il a créé en 1979 sa fondation Open Society (nom choisi en référence au concept développé par le philosophe des sciences Karl Popper), avec pour objectif de promouvoir l’idéal démocratique et de favoriser l'implantation de l'économie de marché. Son action a d’abord été dirigée vers l’Europe de l’Est, dont il est originaire, dans un contexte de lutte contre le pouvoir soviétique puis de Guerre froide ; elle s’est ensuite étendue au reste du monde, et notamment à l’Afrique.

D’un continent à l’autre, l’action philanthropique sorosienne présente les mêmes fondamentaux, soutenant trois cibles prioritaires : media, ONG et société civile. La sphère médiatique assure la promotion des messages démocratiques chers à Soros, notamment la radio, vecteur d’information privilégié dans les économies en développement : en Europe de l’Est, Soros avait ainsi développé Radio Free Europe / Radio Liberty ; en Afrique, il a reconduit l’expérience avec Voice of the People (VOP) au Zimbabwe et West Africa Democratic Radio (WADR) en Afrique de l’Ouest. Les grandes ONG internationales lanceuses d’alerte, les watchdogs, sont quant à elles en pointe pour alerter l’opinion sur les problématiques liées notamment aux droits de l’Homme ou à la gouvernance. Quant à la société civile, George Soros, via ses fondations, finance et forme le monde associatif avec pour objectif que les citoyens soient en première ligne dans la défense de leurs intérêts. Soros a ainsi favorisé l’émergence de mouvements citoyens tels que le Balai citoyen au Burkina Faso ou Y’en a marre au Sénégal, associations non-partisanes mais qui ont néanmoins joué un rôle d’opposition déterminant face aux régimes en place.

Ainsi articulés, ces trois piliers ont contribué à la chute de Blaise Compaoré et d’Abdoulaye Wade – faisant écho au cas de l’Europe de l’Est, où le rôle joué par Soros dans les révolutions de couleur est avéré. Ceci donne un aperçu de la puissance du système philanthropique de George Soros, mais aussi explique les réserves qu’il peut susciter. C’est ce système que décryptent Stéphanie Erbs, Vincent Barbé et Olivier Laurent dans leur ouvrage, le mettant en perspective avec les intérêts économiques du Soros businessman et spéculateur, pour en montrer toutes les contradictions, ainsi qu’avec l’action et les intérêts du pouvoir américain, mettant en lumière l’étroite intrication des réseaux US, atlantiste et sorosien et la surpuissance d’un système global.

La rédaction