Lutte contre l’usurpation téléphonique : ce que change le nouveau numéro imposé par l’Arcep pour les entreprises françaises



Vendredi 25 Juillet 2025


Un numéro unique s’impose dans le paysage des télécoms : “99 99 99 99 99”. Derrière cette séquence neutre se cache une décision stratégique de l’Arcep visant à rétablir la confiance dans les appels professionnels. Objectif affiché : protéger les entreprises contre l’usurpation de leur numéro et renforcer la crédibilité des appels légitimes.



Une décision technique aux implications concrètes pour les entreprises

Le 23 juillet 2025, l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep) a publié une décision marquante dans le cadre de la consultation publique sur l’évolution du plan national de numérotation. Cette décision prévoit l’affichage systématique du numéro “99 99 99 99 99” à la place de tout numéro mobile français non authentifié apparaissant sur un appel entrant depuis l’étranger.

Concrètement, cette règle vise à supprimer l’affichage trompeur de numéros usurpés, une pratique qui touche en particulier les entités commerciales, les banques, les opérateurs de services et les prestataires téléphoniques. « Lorsqu’un appel entrant présente un numéro mobile français mais n’a pas pu être authentifié, il devra être remplacé par “99 99 99 99 99” », source : Arcep, “Plan de numérotation – décision”, 23 juillet 2025

Arnaques téléphoniques : une menace directe pour les marques


Les entreprises françaises sont de plus en plus confrontées à un phénomène déstabilisant : l’usurpation de leur numéro par des acteurs frauduleux. Dans les faits, un escroc utilise l’identité visuelle d’un numéro légitime pour entrer en contact avec un client, un fournisseur ou un prospect. Résultat : confusion, perte de confiance, atteinte à l’image, voire contentieux.
Ce phénomène n’épargne aucun secteur : les services bancaires, les mutuelles, les opérateurs logistiques ou encore les gestionnaires d’abonnements sont régulièrement signalés comme “sources” de communications qu’ils n’ont jamais initiées. Entre janvier et juillet 2025, la plateforme “J’alerte l’Arcep” a recensé plus de 10 000 signalements d’usurpation de numéro.
Avec l’instauration du “99 99 99 99 99” comme affichage de substitution, l’Arcep renverse la logique : désormais, si le numéro n’est pas vérifié, il n’est plus affiché. Ce changement remet en cause un usage qui pénalisait jusqu’ici les entreprises légitimes.

Une protection renforcée pour les appels sortants professionnels

Pour les directions commerciales, relation client ou conformité, cette mesure offre trois leviers immédiats :
Reconquête de la légitimité téléphonique : seuls les numéros vérifiés s’afficheront auprès des destinataires. Une marque ne pourra plus voir son identifiant détourné. Réduction des taux de rejet : la généralisation du code “99” permet d’alerter le destinataire lorsqu’un appel est suspect. À l’inverse, les appels provenant d’un numéro vérifié deviennent plus crédibles. Rétablissement de la relation de confiance avec les clients ou prospects, en garantissant que chaque appel sortant est conforme aux normes d’identification imposées. Les professionnels du démarchage, du recouvrement ou de la télévente – souvent accusés à tort de pratiques abusives – bénéficient d’un cadre assaini, dans lequel les opérateurs frauduleux sont techniquement évincés du canal vocal.
La consultation publique lancée le 22 juillet 2025 restera ouverte jusqu’au 26 septembre 2025. D’ici là, entreprises, associations professionnelles et opérateurs peuvent faire valoir leurs remarques. Le cadre réglementaire final devrait être adopté au dernier trimestre 2025, pour une application complète à partir de début 2026. L’Arcep prévoit une évaluation des impacts techniques et une période d’adaptation pour permettre aux opérateurs et grands comptes de mettre à jour leurs systèmes.

François Lapierre