Microfinance : une autre définition de la solvabilité



Lundi 24 Septembre 2012


Porté par une conjoncture difficile, le microcrédit connaît un développement constant en France. Structurée autour d’associations, la microfinance crée des emplois et permet le retour à la vie active de plusieurs milliers de personnes chaque année. Chaînon manquant du panel des solutions financières classiques, elle pourrait s’imposer à l’avenir comme une pratique de référence pour les entrepreneurs boudés par les banques.



Condition sine qua non du développement de l’entreprise, le crédit apparaît aujourd’hui comme le ventre mou du système financier mondial. De sa paralysie résulte ainsi celle de l’économie tout entière. L’urgence créée par cette situation entraine le développement de nouvelles pratiques. En France par exemple, l’État donne les signes de vouloir amorcer un retour dans la sphère financière et soutenir les PME à l’aide d’une nouvelle Banque publique d’investissement. À l’extérieur des circuits financiers classiques, des associations se sont par ailleurs fait une spécialité de soulager les entreprises les plus fragiles de leur statut présupposé d’insolvabilité.
 
Ces entreprises associatives sont aujourd’hui les principaux représentants de la microfinance en France. L’Adie, France Active ou France Initiative partagent en effet une vocation, libérer la volonté d’entreprendre, et un vocabulaire commun, celui de l’initiative. Toutes ces associations proposent des prestations de financement à des entrepreneurs individuels n’ayant pas réussi à se financer auprès des banques classiques. Les prêts qu’elles proposent concernent des petits montants, quelques dizaines de milliers d’euros, et sont accessibles à des conditions avantageuses pour l’entrepreneur. L’Adie prête ainsi généralement à un taux situé autour de 8 %. France Active soutient également les entrepreneurs auprès des banques classiques en leur proposant des garanties bancaires. France Inititiave propose même des prêts gratuits d’une valeur de 8 000 euros ; ces prêts d’« honneur » servent également de garantie bancaire pour les quelques milliers d’entreprises qui se trouvent trop justes pour remporter seules le soutien des banques traditionnelles.
 
L’accès aux prestations de ces organismes de microcrédit est généralement soumis à des critères d’utilité économique. Les entreprises associatives de microcrédit inscrivent en effet leur effort dans la construction d’une économie sociale et solidaire ; elles ont donc tendance à apprécier tout particulièrement les projets d’entreprise les plus porteurs d’emploi et pour lesquels la demande est clairement identifiée. La prédominance de la valeur utilité est ainsi le principal critère de différenciation de la définition de la solvabilité adoptée par la microfinance et celle des organismes de crédit classiques. Un projet modeste, mais utile et viable a toutes les chances de remporter le soutien d’une association de microfinance. La forme associative de ces entreprises n’est d’ailleurs pas anodine à ce mode de fonctionnement : loin des perspectives purement rentabiliste de la gestion d’entreprise, elle facilite la prise de décisions économiques en conservant l’homme et la confiance au cœur de la réflexion.
 
Bien qu’encore peu sollicitée en France, la microfinance semble avoir trouvé sa place sur le marché du crédit hexagonal. Structurée autour d’associations, elle promeut une vision utile et humaine du crédit sans pour autant accuser un manque de sérieux. Le baromètre 2012 de la microfinance révélait d’ailleurs que le secteur du microcrédit français avait participé à la création de 57 000 emplois ainsi que de quelque 12 000 entreprises. Plus de la moitié des entreprises créées avec le soutien d’un organisme de microfinance seraient également pérennes plus de trois ans après leur naissance. Aussi, les acteurs de cette branche particulière du crédit bénéficient également de la reconnaissance des acteurs clés du monde de la finance : l’Adie est désormais reconnue d’utilité publique et France Active est par exemple agréée par le Comité des Établissements de Crédit. Ces performances et la reconnaissance qui en découle illustrent l’arrivée du microcrédit français à une nouvelle étape de maturité ; un constat qui donne toutes les raisons de présupposer de son futur développement.

Arthur Fournier