Moody’s alerte sur le risque de récession aux Etats-Unis



Lundi 8 Septembre 2025


Mark Zandi, chef économiste de Moody’s Analytics, lance un avertissement sans équivoque : l’économie américaine se tient au bord d’une récession imminente. Selon lui, l’emploi s’essouffle, l’inflation repart à la hausse et les politiques actuelles aggravent la situation.



USA : l’emploi comme maillon faible de l’économie

Le marché du travail, longtemps point fort de l’économie américaine, devient aujourd’hui un indicateur de fragilité. Les chiffres de l’été ont été particulièrement décevants : 22 000 emplois créés en août, selon le rapport du Washington Post, contre une moyenne de 200 000 mensuels au cours des années précédentes. Le chômage est monté à 4,3 %, soit son plus haut niveau en quatre ans. Mark Zandi a résumé la situation par une image choc : « Nous avions dix doigts accrochés au bord de la falaise il y a quelques mois, il ne nous en reste plus que sept. Si nous en perdons encore deux ou trois, nous tomberons, nous passerons par-dessus le bord », relaye Business Insider.

Les révisions à la baisse des chiffres de mai et juin sont venues renforcer le constat. L’économie américaine crée moins d’emplois qu’annoncé, et les secteurs traditionnellement moteurs sont en recul. Zandi insiste sur le fait que la croissance de l’emploi repose désormais quasi exclusivement sur la santé et l’hôtellerie, qui représentent plus de 90 % des créations nettes. En parallèle, l’industrie manufacturière, la construction et l’agriculture détruisent des postes. Pour lui, « ce type de déséquilibre sectoriel ne se produit que lorsqu’une économie est déjà entrée en récession ».

Vers une flambée de l’inflation aux Etats-Unis ?

L’inflation, évaluée à 2,7 % en août 2025, reste supérieure à l’objectif de 2 % fixé par la Réserve fédérale. Plus alarmant encore, Mark Zandi prévoit qu’elle atteindra près de 4 % d’ici fin 2026 alimentée par la hausse des prix dans les biens de première nécessité, des loyers et de certains services. L’impact sur les ménages est immédiat : leur pouvoir d’achat se dégrade, et les classes moyennes réduisent leurs dépenses discrétionnaires. Pour un pays dont près des deux tiers du PIB dépendent de la consommation intérieure, cette tendance est particulièrement préoccupante.

Mark Zandi pointe également la responsabilité de certaines décisions politiques. Dans ses propos rapportés par Business Insider, il dénonce « des politiques qui freinent la croissance et l’investissement ». Trois facteurs principaux sont identifiés :
    • Les tarifs douaniers : imposés sur de nombreux produits importés, ils augmentent les coûts pour les entreprises et les consommateurs, tout en réduisant la compétitivité.
    • Les restrictions migratoires : en limitant l’immigration, elles réduisent l’offre de main-d’œuvre dans des secteurs comme la construction, l’agriculture et les services, ce qui freine la croissance potentielle.
    • Les coupes budgétaires : en diminuant les dépenses fédérales, elles affaiblissent les investissements publics, particulièrement dans les infrastructures et l’éducation.

Pour Zandi, ces politiques, combinées à une conjoncture fragile, contribuent à précipiter l’économie vers une récession.

Aurélien Lacroix