Quel framework d’architecture d’entreprise choisir ?



Jeudi 14 Octobre 2010


Par Renaud Phelizon, consultant senior chez Arismore

En tant qu'expert de la mise en œuvre de démarches d'architecture d'entreprise, nous sommes souvent interrogés sur le choix d'un framework d’Architecture d’Entreprise. Cette question est une bonne question. A condition de ne pas se la poser trop tôt et à condition de comprendre que la réponse constituera un point de départ et non pas une solution prête à l'emploi.



Il n'existe pas de démarche d'architecture d'entreprise sans framework. Un framework est une trame, un espace de langage commun, de coordination et de collaboration pour les acteurs, à partir duquel chaque entreprise bâtit sa démarche de façon itérative.

Un bon framework est le GPS de la démarche d'architecture d'entreprise. Ce n'est pas lui qui décide de la destination ni de la vitesse et ce n'est pas lui qui conduit. Mais c'est une aide précieuse pour établir un itinéraire et rester dans la bonne direction.

Revenons à la question "quel framework d'architecture d'entreprise choisir ?"

Un consultant vous dira que tous les frameworks sont bons, ce sont les contextes d'usage qui changent. Un bon consultant vous donnera quelques critères de choix. Premier travail : il faut identifier les frameworks existants. Loin d'être une liste exhaustive, citons Zachman, Gartner, IAF, FEAF, DoDaF - C4ISR, TEAF, EAP, PEAF et TOGAF. Pardon aux absents.

Le premier critère est le spectre couvert : référentiel, processus ou cycle de transformation, ancrage avec le cycle projet, méthode de modélisation, gouvernance, organisation et compétences, relations avec les autres domaines (gestion des services, gestion de portefeuille, budget, gestion des risques....)

Attention, il ne s'agit pas de tout couvrir tout de suite, mais de savoir jusqu'où votre framework pourrait vous accompagner.

Le second critère porte sur le degré de prescription ("la prescrivité"). Certains frameworks sont très prescriptifs. Ils disent comment faire. D'autres frameworks sont très génériques. Ils disent quoi faire et vous laissent libre du comment faire. Les frameworks très prescriptifs peuvent permettre des implémentations plus rapides mais moins flexibles. Les frameworks très génériques demandent un effort d'implémentation plus grand mais offre des marges de manœuvres. Pour faire simple, plus la maturité de la pratique (ou plutôt la professionalisation) est grande, plus un framework générique est préférable.

Troisième critère: la connectivité du framework . Un bon framework d'architecture d'entreprise sait se limiter à son domaine. Il sait reconnaître le besoin de coexister avec d'autres cadres de management et de pilotage. Il doit donc pouvoir se connecter à ces cadres, souvent associés à d'autres frameworks (Cobit, ITIL, PmBok, eScm, CMMI.....). Les très bons frameworks d'Architecture d'Entreprise savent aussi se connecter avec d'autres frameworks du domaine.
Ces trois critères permettent déjà de bien filtrer parmi les frameworks du marché.

Plusieurs autres critères sont à envisager : le coût d'accès (rarement problèmatique en soi), l'ouverture (c'est à dire l'accès à la documentation), l'évolutivité (nombre et vitesse des versions), l'outillage (le fait que des logiciels viennent supporter le framework), l'internationalisation (important dans les grands groupes), la neutralité vis-à-vis des technologies et des fournisseurs, le dynamisme (existence d'une communauté large et active autour du framework).

Parmi les critères à retenir, figure celui de la popularité. En effet, un bon framework sera souvent un framework très utilisé, pouvant de ce fait bénéficier d’une expertise plus étendue, plus accessible, d’un outillage plus large et plus riche, de formations et d’ouvrages explicatifs plus nombreux. Premier atout : la popularité accroît la probabilité de trouver des professionnels connaissant ce framework.

Autre atout, certes délicat à jouer, un framework populaire profitera aussi de critiques plus nombreuses. La popularité génère aussi sa contre culture, ce qui doit être pris comme un facteur de dynamisme et d’amélioration. Plus un framework suscite de critiques, plus vous choisirez en connaissance de cause.

Donc, si la popularité ne signifie pas la qualité, elle ne peut être négligée lors du choix. Reste à répondre à la question : comment mesurer la popularité d’un framework ? Une solution est de se tourner sur Internet. Google offre un outil pour se donner une idée : Google Insight for Search.

Nous avons essayé l’outil avec quatre frameworks bien connus : Zachman, DoDaF, FEAF et TOGAF.
Depuis 2007, TOGAF dépasse largement les autres référentiels allant parfois jusqu’à recueillir 4 fois plus de demandes. (schémas sur le site www.architecture-forum.org.

Bien entendu, l’outil de Google comporte des biais. Bien sûr le choix des frameworks à comparer pourrait être revu. Bien sûr il ne faut pas faire dire à ce graphique ce qu’il ne dit pas. Mais disons que cela indique une tendance claire.

TOGAF™ de l’Open Group est sans doute le framework d'architecture d'entreprise le plus populaire.
TOGAF offre sans doute la meilleure couverture d'une démarche d'architecture d'entreprise. Il est très générique. Sa connectivité est excellente. Son coût d'accès est très bas. Il est totalement ouvert, très évolutif (9 versions en 15 ans). TOGAF est outillé par tous les grands éditeurs, il est international (plus de 25 pays représentés dans l’Architecture Forum) et d’une neutralité bienveillante. La communauté (Architecture Forum) est active (4 conférences des praticiens de l'architecture par an) et croissante (plus de 10 000 certifiés).


Renaud Phelizon est consultant senior chez Arismore

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