Ryanair réduit ses opérations régionales : un signal pour l’écosystème aérien français



Lundi 10 Novembre 2025


Ryanair a confirmé qu’elle quittera plusieurs aéroports régionaux français dès l’été 2026, invoquant une hausse des taxes devenue incompatible avec son modèle. Cette décision, appuyée sur la forte progression de la TSBA depuis mars 2025, envoie un message direct au secteur aérien et à ses partenaires économiques. Les régions, déjà touchées par une première vague de retraits en 2025, voient se profiler un enjeu majeur de compétitivité et d’attractivité.



Un repli motivé par la fiscalité et ses effets sur le modèle low cost

Ryanair a annoncé qu’elle réduirait sa présence dans plusieurs aéroports régionaux français à l’été 2026. Ce mouvement fait suite à un premier retrait décidé fin juillet, qui avait déjà concerné Brive, Bergerac et Strasbourg. La compagnie souligne que la hausse de la fiscalité aérienne modifie l’équilibre économique des lignes régionales. Son directeur commercial, Jason McGuinness, a estimé dans Challenges que « quand vous augmentez les impôts de 180 %, cela rend ces aéroports non viables pour nous ». La hausse de la TSBA, triplée depuis mars 2025, constitue le point central de son argumentaire.

Les données de la DGAC confirment cet impact. Selon l’analyse publiée début novembre, la hausse de la TSBA a agi directement sur « les prix, les coûts et la dynamique du trafic aérien ». Les chiffres corroborent ce diagnostic : la taxe est passée d’environ 2,60 euros par billet à environ 7,40 euros pour un vol intra-européen en classe économique. Pour des compagnies low cost opérant sur des marges réduites, cette évolution renchérit immédiatement les opérations dans les aéroports secondaires. Dans un environnement très concurrentiel, Ryanair pointe un désavantage structurel pour la France face à des pays dont la fiscalité demeure plus stable.

Un impact business majeur pour les plateformes régionales et leurs partenaires

Ce retrait progressif reconfigure l’économie de nombreux aéroports régionaux. Les plateformes ayant accueilli des vols Ryanair ont déjà observé une baisse de l’activité lors des premières réductions annoncées en 2025. Pour plusieurs gestionnaires interrogés dans la presse régionale, la compagnie représentait une part significative du trafic, indispensable pour maintenir des flux touristiques et des investissements locaux. Le départ de la low cost, acteur structurant du marché européen, réduit mécaniquement la fréquentation et fragilise l’ensemble de la chaîne de valeur liée au transport aérien régional.

Les entreprises dépendantes des flux aériens régionaux se retrouvent également affectées. Les acteurs du tourisme, de l’hôtellerie et des services de mobilité constatent des retombées immédiates. Benjamin Smith, directeur général d’Air France-KLM, a rappelé que « ce ne sont pas seulement les compagnies aériennes qui en pâtissent, c’est tout le secteur du voyage, du tourisme, de l’hôtellerie ». Parallèlement, les chiffres de la DGAC montrent une tendance plus lourde : la croissance de l’offre de sièges au départ de la France n’a atteint que 1,5 % au deuxième trimestre 2025, contre 4,5 % en Europe. Cette dynamique illustre une perte de compétitivité qui touche directement les régions où les entreprises s’appuient sur une connectivité internationale régulière.

Adélaïde Motte