Un profil attendu et controversé pour la direction de la SNCF
Jean Castex n’arrive pas à la tête de la SNCF par hasard. Ancien Premier ministre (2020-2022), il dirigeait depuis novembre 2022 la RATP, ce qui lui a conféré une expérience publique dans les transports. Plusieurs faits marquants illustrent cette trajectoire :
L’Élysée avait proposé Jean Castex à la tête de la SNCF dès le 26 septembre 2025, rapportait alors Le Monde.
Le 22 octobre 2025, son audition devant la commission du développement durable de l’Assemblée nationale a abouti à une validation parlementaire de sa nomination, rappelle LCP.
La SNCF a confirmé le 29 octobre 2025 sa nomination pour un « mandat de 4 ans », d'après CNews.
Ces éléments pointent un profil politique renforcé, mais aussi potentiellement fragile. Jean Castex apportera la légitimité d’un haut-fonctionnaire et ancien chef du gouvernement, mais devra également faire face à des critiques sur la gouvernance des entreprises publiques et son passage à la RATP.
Principaux défis à relever au sein de la SNCF
La nomination de Jean Castex arrive à un moment charnière pour la SNCF, confrontée à plusieurs défis structurels. Parmi ceux-ci :
L’ouverture à la concurrence des lignes régionales d’ici 2033, qui met la SNCF en situation de défendre ses parts de marché face aux nouveaux entrants, souligne Le Monde ;
Un effort de régénération du réseau ferroviaire, chiffré à 1,5 milliard d’euros à partir de 2028 ;
Le maintien d’un dialogue social stable alors que les cheminots appréhendent la transformation et la concurrence. Le futur PDG devra combiner exigence de performance et respect du modèle social historique.
Dans son discours, Jean Castex a annoncé sa méthode de travail : « un dialogue social exigeant et de qualité et une présence permanente sur le terrain », rapporte Brut. De plus, il s’est engagé à un « déport complet » des dossiers où la RATP et la SNCF se feraient concurrence, afin d’éviter tout conflit d’intérêts.
Enjeux stratégiques et implications politiques
La prise de fonction de Jean Castex à la SNCF ne se limite pas à une simple nomination. Elle revêt une dimension stratégique et politique importante.
Pour l’État et le Gouvernement, nommer un ancien Premier ministre à la tête de la SNCF envoie un signal fort : le transport ferroviaire est un dossier national prioritaire.
Cela peut également traduire un changement de gouvernance, avec une orientation plus marquée vers l’efficacité économique et la transformation institutionnelle du groupe. Certains craignent que cela traduise une forme de "gestionnaire privé" appliqué à une entreprise publique.
Enfin, l’enjeu est également symbolique : le successeur de Jean‑Pierre Farandou, considéré comme le "dernier cheminot" à diriger la SNCF, incarnait un modèle interne du groupe. Jean Castex, en revanche, symbolise la gouvernance d’État et ouvre la voie à une nouvelle ère.
En somme, la nomination de Jean Castex comme PDG de la SNCF pour un mandat de quatre ans est une décision lourde de sens : elle se situe à l’intersection de l’économie, de la politique et des réseaux publics. Son succès dépendra de sa capacité à piloter la transformation de l’entreprise, à anticiper la concurrence et à négocier le virage stratégique tout en respectant le modèle social ferroviaire.