Showroomprivé : une réorganisation stratégique et 11% d’effectifs supprimés



Mercredi 5 Novembre 2025


En pleine mutation du e-commerce, Showroomprivé engage une restructuration profonde. Le groupe supprime jusqu’à 11 % de ses effectifs en France pour moderniser son organisation, intégrer davantage de technologie et restaurer sa rentabilité après une année 2024 difficile.



Recentrage opérationnel : un plan de suppressions d'emplois au service de la compétitivité

Le 4 novembre 2025, Showroomprivé a annoncé un projet de réorganisation opérationnelle susceptible d’entraîner la suppression de 121 emplois, soit 11 % des effectifs français, selon Le Parisien. Le plan, qui touchera en priorité les sites de La Plaine Saint-Denis, Roubaix et Les Sables-d’Olonne, doit être mis en œuvre au deuxième trimestre 2026. Aucune fermeture de site n’est prévue, a confirmé la direction dans son communiqué publié via Les Échos.

Ce plan d’emploi, d’apparence défensive, s’inscrit en réalité dans une logique de réalignement stratégique. Face à un environnement commercial instable et à la désintermédiation croissante des marques, Showroomprivé revoit ses priorités : recentrer ses activités sur ses cœurs de rentabilité, automatiser ses processus et renforcer sa résilience financière. « Nous devons repenser notre modèle organisationnel pour valoriser les atouts du Groupe au bénéfice de nos clients », a déclaré le PDG David Dayan.

Pour le dirigeant, cette décision s’inscrit dans une trajectoire long terme. L’objectif n’est pas seulement de réduire la masse salariale, mais de redimensionner la structure de coûts pour retrouver de la marge de manœuvre dans un marché du e-commerce désormais saturé et piloté par la technologie.

La technologie comme levier d’efficacité et moteur de résilience

Le virage amorcé par Showroomprivé s’appuie sur un constat : dans le e-commerce, la compétitivité se joue désormais sur la maîtrise des données, la rapidité logistique et la personnalisation. D’où la volonté d’intégrer l’intelligence artificielle dans la production de contenus, la segmentation marketing et la planification des ventes.

Le communiqué évoque « une plus grande automatisation des process et l’adoption de l’intelligence artificielle dans la production de contenus ». Derrière cette formule, une révision complète des circuits décisionnels et des méthodes de travail. Moins de tâches manuelles, plus de pilotage par la donnée : la mutation est aussi culturelle. Les suppressions d’emplois devraient concerner des postes transverses ou administratifs, redondants avec ces nouvelles priorités technologiques. Selon Sud Ouest, 80 postes seront supprimés à La Plaine Saint-Denis, 23 à Roubaix et 18 aux Sables-d’Olonne.

Cette mutation illustre la transformation du secteur, où la technologie devient un facteur de résilience. Les marges du commerce en ligne sont désormais si étroites que l’investissement technologique devient vital pour conserver une compétitivité durable.

Un ajustement nécessaire après une année 2024 sous tension

Sur le plan financier, le groupe fondé en 2006 par Thierry Petit et David Dayan sort d’un exercice 2024 particulièrement complexe. Showroomprivé a réalisé un volume d’affaires d’un milliard d’euros, quasiment stable (-0,5 %), mais son chiffre d’affaires net a reculé de 4,5 %, à 646,5 millions d’euros. L’EBITDA s’est effondré à 2,3 millions d’euros, contre 23,6 millions un an plus tôt, soit une baisse de plus de 90 %. Le résultat net est ressorti à -39,7 millions d’euros.

Dans ce contexte, la variable emploi devient l’un des rares leviers disponibles pour rétablir les équilibres financiers sans sacrifier la capacité d’innovation. Le groupe assure que ce plan n’est « ni une remise en cause de son modèle, ni un recul stratégique », mais un ajustement destiné à pérenniser l’activité sur le long terme. Historiquement, Showroomprivé s’est bâti sur un modèle agile, mêlant digitalisation rapide et circuits d’approvisionnement courts. Ce modèle, pionnier du déstockage en ligne, a permis au groupe de croître rapidement jusqu’à son introduction en Bourse en 2015. Mais face à la montée de la fast-fashion et de la seconde main, le marché s’est déplacé vers des plateformes plus intégrées et mieux financées

François Lapierre