Stellantis : chômage partiel massif en Europe pour piloter les stocks



Mardi 23 Septembre 2025


Le 22 septembre 2025, Stellantis a annoncé la mise à l’arrêt de l’usine de Poissy, dans les Yvelines, pour trois semaines en octobre. Environ 2 000 salariés seront placés en chômage partiel, une décision révélatrice des difficultés industrielles du groupe automobile en Europe. Derrière ce choix, c’est toute une stratégie d’ajustement qui se dessine : rationaliser les capacités, limiter les stocks et protéger la trésorerie, alors que d’autres usines européennes sont également concernées.



Stellantis ne se contente pas de suspendre la production à Poissy. Selon Les Échos, cinq autres usines en Europe connaîtront des arrêts temporaires d’ici la fin de l’année, dans un mouvement coordonné. L’objectif est double : réduire les volumes produits face à l’effondrement des commandes et éviter une accumulation de stocks dans un contexte de baisse de la demande.

L’arrêt de Poissy, qui fabrique notamment la DS 3 et l’Opel Mokka, s’accompagne de suspensions dans des usines italiennes et espagnoles, affectant des milliers de salariés. Stellantis souligne que cette décision s’explique par un marché européen qualifié de « difficile ».

Les raisons d’un recours accru au chômage partiel

Le ralentissement des ventes en Europe, en particulier pour les SUV généralistes, fragilise le constructeur. Les immatriculations de l’Opel Mokka chutent de plus de 20 % sur un an en France, selon les syndicats cités par le Journal de l’Automobile. Cette érosion impose une réduction immédiate des cadences. L’entreprise a donc activé le chômage partiel, un levier légal lui permettant d’ajuster son outil industriel sans déclencher de licenciements massifs.

À Poissy, l’arrêt couvre 15 jours ouvrés, dont 12 jours indemnisés au titre du chômage partiel et 3 jours de congés déjà planifiés. Plus largement, ce dispositif est déployé de façon homogène dans les sites européens les plus touchés, ce qui démontre une gestion centralisée des crises de production.

Une stratégie de flexibilité mais aussi un signal d’alerte

Stellantis met en avant une logique d’efficacité opérationnelle. « L'arrêt de la production sur 15 journées de travail doit permettre d'adapter le rythme à un marché européen difficile, en pilotant au mieux les stocks de l'année », relaye TF1 Info. L’entreprise annonce en parallèle des travaux de maintenance et des formations pour maintenir la performance industrielle.

Mais ce recours répété au chômage partiel en Europe envoie aussi un signal préoccupant. En l’absence de nouveaux modèles affectés à Poissy, certains syndicats craignent que ces arrêts deviennent un prélude à des fermetures. Jean-Pierre Mercier (SUD) a ainsi dénoncé dans le Journal de l’Automobile : « C'est du jamais-vu à Poissy ». Au niveau européen, les analystes estiment que Stellantis cherche à gagner du temps, le groupe devant arbitrer d’ici 2026 ses investissements entre électrification, renouvellement de gammes et maintien de sites jugés stratégiques.

Un test de résilience pour la stratégie européenne

Le recours au chômage partiel traduit une volonté de conserver la flexibilité industrielle. Toutefois, il révèle aussi les limites d’un modèle basé sur la consolidation des usines existantes face à une demande fluctuante. Poissy produit environ 420 véhicules par jour en rythme normal : une telle cadence, brutalement interrompue, illustre l’ampleur du déséquilibre entre production et commandes.

La multiplication des arrêts techniques en Europe suggère par ailleurs que Stellantis doit ajuster sa stratégie plus globalement. Les prochaines annonces sur l’affectation de nouveaux modèles électriques dans ses usines françaises, espagnoles et italiennes seront décisives. Car si le chômage partiel permet d’amortir le choc immédiat, il ne saurait remplacer une vision industrielle claire pour maintenir l’ancrage productif du groupe en Europe.





 

François Lapierre