Stellantis en France : un outil industriel recalibré à la baisse d’ici 2028



Mardi 2 Décembre 2025


La production de Stellantis va baisser en France d’ici 2028, selon des projections internes relayées aux syndicats. Avec un recul attendu de 11 %, le constructeur réajuste ses capacités face à un marché automobile européen contracté et à une demande française affaiblie. Derrière cette décision, un enjeu stratégique : préserver la rentabilité dans un environnement où le volume ne constitue plus la garantie de performance.



Un plan industriel resserré dans les usines françaises

Stellantis prévoit de ramener la production de ses cinq sites d’assemblage français sous la barre des 590 000 véhicules en 2028, contre plus de 661 000 unités en 2025. Cette trajectoire, issue de documents internes présentés début décembre, marque un repli méthodique après le rebond post-Covid. Les données syndicales montrent que tous les sites sont concernés, même si Poissy apparaît comme le plus exposé, avec un passage estimé d’environ 90 000 véhicules produits en 2025 à quelque 55 000 unités en 2028. L’échéance de fin de cycle de deux modèles majeurs accélère cette contraction locale.

Pour accompagner ce reparamétrage industriel, Stellantis investira près de 20 millions d’euros dans de nouvelles activités de travail du métal et de recyclage à Poissy, avec environ 200 emplois à la clé. La direction assure que l’usine ne fermera pas, mais le maintien d’une activité automobile au-delà de 2028 reste à arbitrer au premier semestre 2026. Ce repositionnement vers des activités annexes illustre une stratégie plus large : optimiser chaque site en fonction de son potentiel, plutôt que maintenir artificiellement des volumes en baisse.

Une réponse au recul structurel du marché et aux tensions sur la demande

Stellantis ajuste ses cadences dans un contexte européen en perte de vitesse. Selon des données de conseil présentées aux représentants du personnel, la production de véhicules légers reculerait de 6 % entre 2024 et 2028 pour tomber à 8,9 millions d’unités, une production déjà inférieure de plus de 30 % à son niveau de 2017. Dans ce paysage comprimé, le groupe figure parmi ceux dont la croissance a le plus diminué depuis 2017. Son choix de réduire de 11 % ses volumes français apparaît donc comme une réponse cohérente aux surcapacités structurelles et aux contraintes d’investissement liées à l’électrification.

En France, le marché reste fragile malgré la progression des véhicules électriques, qui représentent désormais environ 26 % des immatriculations neuves. Les acheteurs reportent l’acquisition d’un véhicule neuf sous l’effet combiné de la hausse des prix, du renchérissement du crédit, des restrictions de circulation et des arbitrages de budget. Les usines françaises de Stellantis, historiquement dépendantes des segments thermiques grand public, en subissent directement l’impact. Face à une demande durablement plus faible, le constructeur privilégie désormais la flexibilité, la rentabilité et la réallocation de ressources vers des activités pérennes.

Adélaïde Motte