Symbio : réunion clé face à la suppression de 358 postes



Mercredi 3 Décembre 2025


Dans la banlieue de Lyon, Symbio traverse une zone de fortes turbulences, alors qu’une réunion exceptionnelle se déroule pour tenter de contenir l’annonce majeure d’une suppression de 358 postes. L’entreprise, symbole de l’ambition française dans l’hydrogène, affronte un tournant décisif pour son avenir industriel.



Depuis le 3 décembre 2025, la situation de Symbio a changé d’échelle. La coentreprise fondée par Michelin, Forvia et Stellantis doit désormais gérer un plan de suppression d’emplois d’une ampleur inédite, tout en menant une réunion stratégique censée déterminer si une partie de l’activité peut être sauvegardée. La mécanique économique qui soutenait l’entreprise s’est brutalement grippée, révélant une fragilité longtemps sous-estimée.


Un plan de suppression massif qui redistribue les cartes chez Symbio

La direction de Symbio a confirmé l’existence d’un projet visant la suppression de 358 postes sur 506 au sein de son site lyonnais, selon L’Info Durable. L’annonce, lourde de conséquences, intervient à peine deux ans après l’inauguration de l’usine, présentée alors comme la plus grande infrastructure de piles à combustible d’Europe. Ce renversement brutal frappe un site qui devait sécuriser l’avenir industriel de la filière hydrogène. Les chiffres publiés par BFMTV indiquent même que cette mesure représente près de 70 % des effectifs locaux, ce qui montre l’ampleur du choc social.

Le cœur du problème réside dans la structure même du modèle économique de Symbio. Une part considérable de son activité dépendait des commandes de Stellantis. Le communiqué de Forvia diffusé en juillet 2025 rappelle que le constructeur automobile pesait 80 % de la production prévue. Lorsque Stellantis a officialisé, en mai, son retrait complet de l’hydrogène dès 2026, le modèle de croissance s’est immédiatement effondré. La suppression d’emplois envisagée apparaît donc comme la conséquence directe d’un retrait stratégique qui a privé Symbio de sa principale base commerciale.


Un site emblématique fragilisé par une dépendance structurelle

L’usine de Symbio implantée autour de Lyon n’était pas un site comme les autres. Avec ses installations modernes, elle symbolisait l’ambition industrielle française et européenne en matière d’hydrogène. Son inauguration avait été saluée comme un tournant, un moyen de placer la France sur la carte des nations capables de produire des piles à combustible à grande échelle. L’annonce de la suppression massive vient donc frapper un symbole plus qu’un simple établissement industriel.

D’après les données publiées dans le communiqué de Forvia, Symbio comptait encore 590 salariés en France et 50 à l’étranger avant l’annonce. Le recul d’un acteur aussi central que Stellantis révèle la dépendance qui pesait sur le site, malgré l’ambition affichée par les dirigeants. Aujourd’hui, la réunion en cours doit examiner les marges de manœuvre restantes. Parmi les pistes évoquées figurent la conquête de nouveaux marchés, la réorganisation interne et une redéfinition de la stratégie commerciale. Mais cette transition nécessite du temps alors que l’urgence sociale, elle, est immédiate.


Une réunion déterminante pour tenter de préserver une partie de l’activité

La réunion de crise qui s’est ouverte doit tracer les contours d’un plan de sauvetage crédible. Les représentants de l’État, des salariés et de l’entreprise s’efforcent de trouver une solution afin de limiter la portée de la suppression annoncée. Les échanges visent notamment à mesurer l’intérêt potentiel d’autres constructeurs ou équipementiers pour les piles à combustible produites par Symbio, mais rien ne garantit qu’un remplacement de Stellantis soit envisageable à court terme.

En parallèle, les pouvoirs publics tentent d’éviter une désindustrialisation brutale du territoire. La position de Symbio dans la filière hydrogène française reste cruciale. Une fermeture partielle ou totale du site serait un revers pour l’ensemble du secteur. La réunion doit donc non seulement déterminer l’avenir immédiat de l’usine, mais aussi définir le rôle que l’entreprise pourra encore jouer dans la transition énergétique. L’enjeu dépasse les 358 postes concernés : il touche à la capacité du pays à maintenir une industrie stratégique dans un marché mondial en construction.


Jean-Baptiste Giraud