ThyssenKrupp : feu vert final pour la scission de TKMS et son introduction en Bourse



Mercredi 13 Aout 2025


La scission de ThyssenKrupp Marine Systems, entérinée par ses actionnaires, prépare le chantier naval allemand à naviguer en solitaire sur les marchés financiers. Une opération stratégique, entre enjeux industriels et ambitions boursières.



Un vote décisif qui propulse TKMS vers la Bourse

Le 8 août 2025, les actionnaires de ThyssenKrupp AG ont approuvé la scission de sa filiale navale ThyssenKrupp Marine Systems (TKMS), après un vote extraordinaire. Cette validation confirme l’introduction prochaine en Bourse, sous réserve de l’approbation du prospectus par l’Autorité allemande de régulation financière (BaFin). Dans un contexte où les commandes de défense explosent, cette opération s’inscrit dans un virage industriel décisif, alliant autonomie stratégique et optimisation financière.

Les actionnaires ont validé la séparation de TKMS, qui deviendra une entité indépendante cotée à la Bourse de Francfort. Le plan prévoit la distribution de 49 % des actions TKMS aux actionnaires actuels de ThyssenKrupp, tandis que le groupe conservera 51 % du capital à court terme, comme l'annonçait déjà un communiqué officiel du groupe en juin 2025.

La direction a insisté sur la nécessité de donner à TKMS une autonomie stratégique pour répondre plus rapidement aux appels d’offres internationaux. L’objectif affiché : accroître la compétitivité dans un marché où se mêlent contrats militaires géopolitiquement sensibles et innovations technologiques de pointe.

Les raisons profondes de la scission

D’après Informare, cette scission est motivée par la volonté de libérer la valeur de TKMS, considérée comme l’un des atouts industriels majeurs de ThyssenKrupp. En se séparant des autres activités du groupe, le constructeur naval pourra concentrer ses investissements sur des programmes comme les sous-marins à propulsion anaérobie (AIP) ou les frégates de nouvelle génération. Les analystes soulignent que le marché mondial de la construction navale militaire est en croissance, notamment en raison de l’augmentation des budgets de défense en Europe et en Asie. TKMS, déjà fournisseur de marines nationales en Allemagne, Israël ou encore Singapour, souhaite ainsi consolider sa position de leader technologique.

L’introduction en Bourse devrait offrir à TKMS des capacités accrues de financement. Elle permettra également d’augmenter sa visibilité auprès des investisseurs internationaux. Pour ThyssenKrupp, l’opération pourrait alléger une structure encore marquée par ses activités sidérurgiques et diversifier ses sources de revenus. 

Cependant, cette ouverture au marché financier expose TKMS aux fluctuations boursières et à la pression des actionnaires. Les contrats militaires, souvent soumis à des négociations longues et à des enjeux diplomatiques, devront désormais s’inscrire dans un environnement de rentabilité et de transparence accrue.
 

Une stratégie tournée vers l’export et l’innovation

En prenant son indépendance, TKMS compte renforcer ses partenariats internationaux et sécuriser des contrats à long terme. Le groupe mise sur ses innovations dans la propulsion, la furtivité et l’automatisation navale. L’accent est mis sur les marchés exportateurs, avec une attention particulière pour l’Asie-Pacifique et le Moyen-Orient. La scission devrait aussi faciliter les prises de décisions rapides, un point crucial dans le secteur de la défense où la réactivité peut déterminer l’obtention ou la perte d’un contrat stratégique.

La scission de TKMS ouvre un chapitre inédit pour l’industrie navale allemande. Entre promesse de croissance et nouveaux défis liés à son introduction en Bourse, le constructeur de sous-marins devra conjuguer autonomie stratégique et discipline financière. Les prochains mois, rythmés par les préparatifs de cotation, diront si cette manœuvre audacieuse permettra à TKMS de renforcer sa position dans un marché mondial de plus en plus compétitif.

François Lapierre