Une information plus digeste et moins d’infobésité : suggestions de présentation



Jeudi 3 Mai 2012


Le cabinet de conseil TNS research international a lancé fin février 2012, une campagne d’information sur l’infobésite. À une époque où les technologies de la communication sont omniprésentes, la surabondance d’information est un phénomène qui traverse les secteurs d’activité. Dans ce contexte nouveau, TNS a donc innové en élaborant des catégories originales de consommateurs d’information.



L’avènement des technologies de communication change notre façon d’accéder et de consommer de l’information. À eux seuls, les téléphones portables et internet ont changé la façon de travailler de l’ensemble des secteurs d’activité de l’économie mondiale et irriguent aujourd’hui l’ensemble du tissu entrepreneurial. Les échanges d’information ont décuplé et amené avec eux l’infobésité. « Nous pensions que nous apprécions notre nourriture, jusqu'à ce que nous réalisions que nous étions accros » le phénomène est-il ainsi résume par TNS.
Dans ce contexte nouveau de diffusion massive d’information marqué par l’infobésité, le cabinet britannique s’est employé a dressé une typologie des comportements de consommation d’information. Les auteurs de cette grille d’analyse en exposent les subtilités dans une présentation plus détaillée.

Communicating in the Age of Information Obesity - TNS research international
TNS distingue quatre grands types de consommateurs d’information. Le premier d’entre eux est composé de consommateurs rapides et superficiels – les fast foodies –. Particulièrement enclins à l’infobésité, les fast foodies sont des multitaskers, à la recherche d’information actuelle qu’ils se procurent facilement et instantanément en « chattant tout en lisant la dernière parution de la presse people, la télévision hurlant de leur dos ». Particulièrement intéressés par l’information, les fast foodies perçoivent cette dernière comme un levier social indispensable.
La deuxième catégorie mise en exergue par TNS consommerait l’information comme un sportif des compléments alimentaires. Pour ces supplementers, l’information doit être exhaustive mais prête à l’emploi, issue de source crédible mais délivrée de façon inventive. Typiquement londoniens, les supplementers sont des consommateurs d’information très multiculturels, qui trient beaucoup pour accéder au bon contenu dont leur statut social dépend. « Ils ne veulent pas l’information, ils en ont besoin » explique TNS.
La troisième catégorie consomme l’information la plus brute possible et l’obtient auprès de quelques sources de choix. Ces carnivores de l’information approfondissent les sujets qui les intéressent et les creusent jusqu’à la moelle. Pour eux, l’information est un moyen au service d’une fin : elle leur permet d’être précis, pertinents et d’avoir confiance en leur jugement. Un problème s’impose à eux toutefois : les informations qu’ils maîtrisent sont peu diversifiées.
Viennent ensuite les fussy eaters, ces fines bouches qui consomment « à la  marge du monde de l’information ». Allergiques aux médias et à l’infobésité, ils ne cherchent d’information que lorsque cela s’avère nécessaire. Ils limitent au maximum leur interaction avec les technologies et n’y ont recours que lorsque c’est une affaire de survie. Leur consommation est donc faible et leurs sources exclusives.
Certains consommateurs enfin parviennent à avoir une consommation d’information équilibrée – un balanced diet –. Privilégiant quelques sources bien connues et recoupant à l’occasion leur information auprès de diffuseurs alternatifs, ces consommateurs rationalisent leur prise quotidienne au strict nécessaire en variant les supports en fonction des envies et des instants. L’important pour eux est d’avoir une vision globale, un recul sur l’ensemble de l’actualité.

La typologie de TNS s’inscrit certes à l’origine dans un cadre national britannique. Sa cohérence au-delà des frontières du Royaume-Uni apparaît néanmoins lorsque l’on se penche sur les suggestions de présentation de l’information que formule TNS à l’attention de ses lecteurs. Selon ce cabinet en effet, les fast foodies ont besoin d’une information interactive et qui circule. Les supplementers favorisent la synthèse et le contenu novateur et valorisant. Les carnivores ont de l’appétit pour le paradoxe et la stimulation intellectuelle. Les fussy eaters veulent de la sécurité et de l’authenticité tandis que les partisans d’un balanced diet préfèrent l’information contrastée leur conférant une vue panoramique. À chacun de ces modes de consommation correspond un type et une fonction de l’information ainsi qu’un axe pour la délivrer. Il s’agit bien sûr de catégories types et leur vocation n’est pas de trier et de cloisonner les individus. À l’heure de la profusion d’information et de l’instantanéité toutefois, cette grille d’analyse constitue un outil pertinent pour la prise de recul et la caractérisation des modes de lecture et des contenus qui nous submergent.

Arthur Fournier