Carnets du Business


           

Etes-vous un manager du réel ?




Mercredi 7 Février 2018


Qu'advient-il du manager, à l'heure des réseaux, quand le digital virtualise les relations de travail ?
Quand le manager de terrain doit digérer sans délai la énième version de la vision stratégique et du plan de transformation de son entreprise ? Quand le manager intermédiaire est coincé entre les contraintes incessantes de reporting et les Target Letters désincarnées venues d'en haut ? Quand le manager de proximité pressuré doit suppléer aux carences managériales de son N+1 ?
Dans Management, le grand retour du réel, le manager essoufflé trouve des munitions pour se sortir d'affaire et reprendre la main dans son entreprise, dans son industrie et dans son pays .



Management, le grand retour du réel, est un essai choc, revigorant, à contre-courant de beaucoup d'idées à la mode.
L'auteur, Philippe Schleiter, vient du monde de l'entreprise. Sa longue expérience de consultant et d'entrepreneur, spécialisé dans la conduite du changement, lui a permis des années durant d'observer, d'analyser, de vérifier, de tester, d'évaluer et finalement de valider un certain nombre de principes de base qui, sur fond de guerre économique, constituent aujourd'hui le B-A-BA des règles de survie pour des managers de combat, décomplexés, près des hommes, et soucieux de réussite opérationnelle.
Il les veut ragaillardis et remotivés, fiers de leur performance, prêts à transmettre – de véritables managers-éducateurs dont la mission va au-delà de leur entreprise et qui peuvent influer sur l'ensemble de la société. Car, située en première ligne de la bagarre mondiale, « l'entreprise est en mesure d'offrir à chacun de ses membres, homme ou femme, des occasions d'exprimer de façon saine et bénéfique son goût de l'effort, de la compétition et de la conquête. »
Un livre pour les managers oubliés, un livre qui leur rappelle qu'ils sont pour la plupart les managers du futur.

Du manager materné au manager engagé

Philippe Schleiter décrit les travers des politiques RH aseptisées, les dérives d'un management poussif et démoralisant dont les lourdeurs vous asphyxient, et tous les écueils contemporains des plans d'accompagnement du changement sans âme, ni saveur. Non sans malice, il remarque que la théorie du changement-deuil incite insidieusement les membres de l'entreprise à se focaliser sur les pertes liées au changement et contribue à renforcer les résistances et les appréhensions. Effet pervers, en les démobilisant, elle favorise le recours à une expertise extérieure. Et il ajoute : « Alors que l'on rêve d'un changement porté par les managers et les salariés, on organise leur dépossession. D'acteurs du changement, on les transforme en objets du changement qu'il faut accompagner ». Fermez le ban !
Son livre s'adresse aux managers du quotidien. Il leur parle de leur réalité, il les comprend, il sait ce qu'ils endurent.  En même temps, il leur redonne espoir, il les encourage à ne pas renoncer à leur propre vision, il leur donne envie de faire porter leur voix dans leur entreprise.
Il ajoute : « Dans des édifices sociaux complexes et dont les contours fluctuent, la cohésion repose sur des équilibres plus délicats qu'auparavant. A mesure qu'elle gagne en agilité, l'entreprise devient plus tributaire du talent de ses dirigeants ».

Managers engagés, managers libérés

Rappel salutaire pour ces nouveaux managers : « Seul un supérieur que vous connaissez peut vous connaître en retour. C'est la raison pour laquelle les salariés veulent des chefs : parce qu'une entreprise plate, dépourvue de hiérarchie, est aussi une entreprise dépourvue de capacité d'écoute et de considération. »
Ils redeviennent de « vrai chefs » qui n'ont pas peur de se montrer, de parler, de débriefer chaque collaborateur individuellement, de questionner, de faire du feedback ; ce sont des leaders qui, à leur échelle, savent décider, challenger, entraîner, accompagner, faire grandir en compétences ; ils sont dotés d'une autorité naturelle, fondée sur l'expertise et le savoir-être ; ils partagent et transmettent une vision authentique en s'inscrivant dans une histoire commune ; ils savent faire preuve des qualités essentielles : lucidité, créativité, courage et sens politique.
Voilà qui les prémunit contre la prison du temps accéléré. Les voilà libérés de nombreuses illusions médiatiques, technologiques, idéologiques qui, aujourd'hui, au sein d'organisations trop « maternantes », étouffent la loyauté, la volonté d'apprendre, la capacité à changer et le goût pour les défis.

Un appel à l'engagement pour des managers en souffrance

« Finis les discours langue de bois, les indicateurs en tout genre, la reprise des valeurs lénifiantes de l'entreprise […] Ces mots-valises s'éclipsent devant le diamant brut de leur volonté, de leur conviction ou de leur envie qui, évidemment laisseront transparaître la sincérité et la lignes directrice que leurs subordonnés attendent pour foncer. »
Pour Philippe Schleiter , même si le mot « engagement » est l'un des termes les plus galvaudés du vocabulaire managérial, l'époque est propice à une soif d'engagement toute neuve. Mais il prévient : « Attention, l'engagement – le vrai – a ses règles et elles sont strictes. Pour être réel, il doit avoir un coût pour celui qui le prend (on s'engage à faire quelque chose de risqué) ; mais aussi un degré de liberté (on doit avoir vraiment le choix d'y aller ou pas) et enfin une prise de décision (explicite, publique, incontestable) ».
L'envie d'action, le sens du risque et l'acceptation du danger ne constituent-ils pas une loi du vivant ?
L'auteur cite à ce propos le philosophe Paul Ricœur qui voyait dans « l'amputation du pouvoir d'agir » l'une des principales causes de souffrance de l'homme. Y-a-t-il avertissement plus profitable pour le dirigeant et le manager qui va « mener la révolution managériale qui vient », comme l'auteur les y invite dans l'épilogue ?
Sont-ils prêts à donner leur pleine mesure au service de leur entreprise et, au-delà, au service de la société toute entière –  devenant ainsi, peut-être, des « militants de l'entreprise » ?
 
Dans la masse insipide et obèse d'une littérature managériale convenue, ce petit livre fera-t-il  date ? Oui,  c'est fort possible car, à sa manière, il a le mérite de les aider à recréer autour d'eux, et à leur image, les conditions d'un engagement entier, sincère et libérateur.

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La rédaction



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2ème édition, revue et augmentée