Depuis le 1ᵉʳ octobre, Washington vit au rythme du shutdown, cette paralysie administrative née d’un blocage budgétaire au Congrès. Alors que la situation entre dans sa cinquième semaine, les conséquences s’étendent désormais à un secteur vital : le trafic aérien. En pleine période de voyages de fin d’année, le risque de chaos annoncé par Sean Duffy résonne comme une menace directe pour l’économie américaine et la stabilité du transport national.
Des effectifs sous pression dans le trafic aérien
Le trafic aérien américain repose sur un maillage complexe de contrôleurs, techniciens et agents de sécurité. Or, selon la Federal Aviation Administration (FAA), entre 20 % et 40 % des contrôleurs des trente plus grands aéroports ne se présentent plus à leur poste, rapporte Reuters. La cause ? L’absence de salaire depuis plus d’un mois. Les employés de la FAA n’ont pas été rémunérés depuis le 28 octobre, et leur prochain versement, prévu le 4 novembre, reste suspendu à la fin du shutdown, indique AP News.
Face à cette tension, Sean Duffy a haussé le ton lors d’une conférence de presse :
Si, d’ici une semaine, vous ne débloquez pas la situation, vous verrez un chaos généralisé. Vous verrez des retards massifs de vols, des annulations en série, et il se peut que nous soyons contraints de fermer certaines zones de l’espace aérien, car nous ne pouvons tout simplement plus le gérer faute de contrôleurs aériens.
Cette perspective inquiète les compagnies américaines, déjà contraintes de réduire la fréquence de certains vols intérieurs. Selon Reuters, plusieurs hubs majeurs — notamment Atlanta, Chicago et Dallas — fonctionnent à effectif réduit, ce qui provoque des retards en cascade et accentue la tension sur le trafic aérien.
Le chaos s’installe déjà dans le trafic aérien
Les signes d’un désordre croissant se multiplient. D’après les données de Cirium citées par AP News, seuls 56 % des vols ont décollé à l’heure à Newark le week-end dernier, tandis que 70 % des vols d’Orlando ont maintenu leur horaire. Ces chiffres illustrent la dégradation rapide du trafic aérien, conséquence directe du shutdown.
Les compagnies redoutent une désorganisation totale à l’approche de Thanksgiving, période qui marque traditionnellement le pic du trafic aérien annuel. Dans un communiqué la U.S. Travel Association a prévenu :
« Avec Thanksgiving, la période de voyage la plus chargée de l’année, les conséquences d’un shutdown prolongé seront immédiates, ressenties profondément par des millions de voyageurs américains et économiquement dévastatrices. »
Depuis le début de la crise, l’association estime les pertes à plus de 4 milliards de dollars pour l’économie du voyage. Un chiffre qui pourrait doubler si le blocage s’étend jusqu’à la fin du mois. Le trafic aérien, moteur du transport intérieur, devient ainsi le baromètre de la paralysie fédérale.
Un impact économique et social majeur
Au-delà du désordre opérationnel, le shutdown fragilise la structure même du secteur aérien. Les personnels au sol, les contrôleurs et les techniciens subissent une double peine : perte de revenu et surcharge de travail. Sean Duffy l’a reconnu publiquement :
« Beaucoup de contrôleurs ont dit : “Beaucoup d’entre nous peuvent supporter de manquer un salaire. Aucun d’entre nous ne peut en supporter deux.” », rapporte AP News.
La fatigue s’installe, et la sécurité du trafic aérien en pâtit. Plusieurs aéroports secondaires envisagent de réduire leurs horaires d’ouverture pour soulager les équipes. Une situation inédite qui pousse les analystes à parler de crise structurelle du trafic aérien, aggravée par un shutdown politique prolongé.
Selon The Guardian, le blocage budgétaire actuel égale désormais le record de 35 jours établi en 2019. Mais cette fois, les conséquences sont plus immédiates : des retards massifs, des annulations en chaîne et un sentiment d’instabilité dans tout le système. Pour la FAA, chaque jour supplémentaire compromet davantage la capacité de régulation de l’espace aérien et accentue le risque de chaos.
Sur le plan macroéconomique, le coût cumulé du shutdown dépasse déjà les 10 milliards de dollars, selon une estimation du Ministère des Transports, relayée par Reuters. Entre les pertes de productivité, les dépenses supplémentaires des compagnies et les annulations de voyages, le trafic aérien concentre à lui seul une large part des dégâts économiques.