Restauration : voici le nouveau label anti-gaspillage alimentaire



Lundi 13 Octobre 2025


Depuis le 10 octobre 2025, la restauration française évolue avec l’entrée en vigueur du label national « anti-gaspillage alimentaire ». Issu de la loi AGEC de 2020, ce dispositif piloté par le ministère de la Transition écologique et l’ADEME vise à accélérer la réduction du gaspillage, évalué à 8 kg par personne et par an dans la restauration selon le Service des données et études statistiques (SDES, 2023).



Label anti-gaspillage alimentaire : un cadre exigeant et lisible pour la restauration

Porté par l’État, le label anti-gaspillage alimentaire repose sur des obligations de moyens et de résultats, une méthodologie de mesure normalisée et un système de labellisation à trois niveaux. Comme l’explique la fiche-presse du ministère de la Transition écologique, il s’agit de « valoriser les établissements engagés dans la réduction concrète de leur gaspillage alimentaire » et d’offrir « aux consommateurs une information claire et fiable ».

La France produit chaque année 9,7 millions de tonnes de déchets alimentaires, dont 3,8 millions encore consommables, soit 55 kg par habitant. La restauration représente à elle seule 8 kg par personne et par an, un volume non négligeable qui pèse sur la rentabilité des établissements et sur les ressources naturelles. Réduire ces pertes devient donc un levier d’économie autant qu’un enjeu écologique.

Le label distingue trois degrés d’engagement :

    1 étoile pour la mise en place d’actions concrètes ;

    2 étoiles pour une maîtrise opérationnelle de la lutte contre le gaspillage ;

    3 étoiles pour un niveau exemplaire, validé par des audits annuels d’organismes certificateurs agréés.

« Le niveau 3 étoiles atteste de l’atteinte d’un niveau exemplaire dans la lutte contre le gaspillage alimentaire », précise le ministère dans son communiqué officiel. Ces certifications sont attribuées pour trois ans, gage de stabilité et de visibilité pour les acteurs économiques du secteur.

Des référentiels adaptés à la diversité du secteur

L’une des grandes nouveautés réside dans la création de deux référentiels distincts, adaptés aux réalités économiques de la restauration. Le premier, intitulé Restaurants, s’adresse aux établissements assurant un service à table ou en libre-service. Le second, Unités de préparation, vise les structures qui préparent ou livrent des repas à des tiers, comme les cuisines centrales ou les traiteurs.

Ces référentiels, élaborés avec l’AFNOR Normalisation et l’ADEME, couvrent l’ensemble de la restauration collective (scolaire, hospitalière, d’entreprise, administrative) et commerciale (restaurants traditionnels, brasseries, restauration rapide, hôtels, traiteurs). Ils reposent sur un socle commun : diagnostic des pertes, gestion des achats, valorisation des surplus et suivi régulier des résultats. Selon Actu-Environnement, la labellisation s’appuie désormais sur « des pesées représentatives de chaque étape de l’activité », distinguant les denrées comestibles des déchets non valorisables. Cette méthodologie uniforme permet aux acteurs de la restauration d’identifier les sources de gaspillage à chaque maillon — de l’approvisionnement à la consommation.

Outre les exigences techniques, la hiérarchisation des actions reste inchangée : prévention du gaspillage, don alimentaire, puis valorisation énergétique. Ces principes, issus de la loi Garot (2016), s’inscrivent désormais dans un dispositif unifié, offrant une lecture claire aux professionnels comme aux clients.

Un levier stratégique pour la compétitivité et la relation client

Derrière l’affichage environnemental, le label ouvre surtout un nouveau champ stratégique pour les acteurs de la restauration. Dans un secteur où les marges sont souvent étroites, chaque kilo de denrées économisé représente un gain direct.

Les bénéfices sont multiples : meilleure maîtrise des coûts d’achat, optimisation du stockage, fidélisation de la clientèle et attractivité renforcée auprès des investisseurs. Le label constitue aussi un avantage concurrentiel. Pour les grands groupes, il permet d’harmoniser leurs pratiques RSE. Pour les restaurateurs indépendants, il devient un outil marketing différenciant face à une clientèle toujours plus sensible aux enjeux écologiques.

Du côté des consommateurs, la visibilité du label crée un repère de confiance. Selon La Gazette des Communes, « le label anti-gaspillage alimentaire va améliorer et valoriser les pratiques » tout en rendant « plus lisible l’engagement des acteurs de la restauration collective ». En affichant une démarche certifiée par l’État, les établissements peuvent ainsi justifier leurs prix, renforcer leur image responsable et attirer de nouveaux publics, notamment les jeunes générations.





 

François Lapierre