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Espionnage industriel : la technologie informatique chamboule le dogme de la libre concurrence




Lundi 6 Août 2012


À l’avènement de l’économie de l’information, l’espionnage industriel constitue la hantise de toute direction d’entreprise. Pour se protéger des risques, la France tente d’organiser certains dispositifs notamment au niveau informatique. Mais la défense des intérêts économiques pose la question de l’arbitrage avec l’ouverture des marchés.



Espionnage industriel : la technologie informatique chamboule le dogme de la libre concurrence
Fin juillet 2012, les géants chinois du secteur des télécoms, Huawei et ZTE, ont été l’objet de toutes les attentions en Europe. Équipementiers d’envergure internationale, ces deux compagnies éveillent en effet les soupçons quant à son intégrité et sa proximité avec le gouvernement chinois a été dénoncée en France par le sénateur du Haut-Rhin, Jean-Marie Bockel.
 
Dans un rapport intitulé La cyberdéfense : un enjeu mondial, une priorité nationale, ce dernier attire l’attention sur l’intégrité des équipements informatiques commercialisés par les deux firmes chinoises. Le rapport de Jean-Marie Bockel rappelle en effet le caractère hautement sensible sur le plan sécuritaire des appareils permettant de relier les ordinateurs au réseau internet à l’instar des routeurs.
 
Jean-Marie Bockel souhaite avant tout attirer l’attention des pouvoirs publics sur un problème élémentaire : tout constructeur d’équipement relié à internet dispose en principes des moyens techniques de désactiver ces équipements ou d’en avoir une utilisation à l’insu de son acquéreur. Pour le sénateur du Haut-Rhin, il est donc important de se prémunir contre ce type de risques donc les conséquences peuvent être extrêmement lourdes notamment sur le plan économique et industriel.
 
L’émergence de ce type de rapport à l’heure actuelle n’est pas due au hasard. L’arrivée sur le marché d’équipementier d’origine chinoise interroge en effet dans un contexte ou la proximité des secteurs d’affaires avec l’armée et le gouvernement chinois reste extrêmement fort. Chez les dirigeants européens par ailleurs, la nécessité de sécuriser les réseaux nationaux en disposant d’infrastructures en propres et en recourant le moins possible à la technologie étrangère pour s’équiper est une idée qui fait son chemin.
 
À cet égard la France semble prendre progressivement conscience des enjeux : début 2012, le gouvernement à lancé un projet industriel impliquant exclusivement des entreprises françaises et visant à équiper le pays en data center afin de permettre le fonctionnement d’un système de Cloud Computing élaboré en France. Ce projet a ainsi été motivé par la volonté du gouvernement de doter le pays d’un outil complètement sécurisé afin de protéger ses intérêts nationaux.
 
Mais cette approche pose un problème évident au regard des standards économiques : ce type de chantier est en effet fermé à la concurrence. De telles modalités rentrent en contradiction frontale avec les principes du libre échange. Jusqu’où les barrières peuvent-elles donc s’élever pour protéger les données de l’industrie nationale ? Il est difficile d’imaginer interdire le marché européen aux plus grands équipementiers chinois dans un contexte de respect du libre échange et de la concurrence. Et pourtant les États-Unis et l’Australie ont déjà franchi le pas. Ces deux pays ont en effet fermé leur marché aux firmes chinoises notamment à la suite de cyberattaques provenant de Chine. Une décision qui pourrait être annonciatrice de l’évolution du marché français et européen.





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