Un enchaînement de défaillances structurelles
Casa France paie les conséquences directes de la liquidation de Casa International, survenue en mars 2025 en Belgique. Cette entité jouait un rôle central au sein du groupe : logistique, informatique, finance. Sa disparition a provoqué un arrêt brutal de l’organisation opérationnelle en Europe. “Casa France subit ainsi les conséquences d’un choc exogène dont elle n’est pas à l’origine et indépendant de sa gestion”, précise l’entreprise dans un communiqué.
En mars 2025, Casa France avait été placée en redressement judiciaire. À cette époque, elle espérait encore attirer un ou plusieurs repreneurs. Mais le dossier semble désormais clos, tant les offres sont jugées insuffisantes pour garantir la continuité de l’activité.
Le cas Casa illustre aussi une fragilité plus large dans le secteur du meuble. Après un bref rebond post-pandémie, les ventes se sont contractées : –2,5 % en 2023, puis –5,1 % en 2024 (Ipea). Une dynamique inquiétante, amplifiée par une conjoncture immobilière dégradée, une consommation en berne, et une concurrence accrue des pure players et des enseignes à bas prix.
La montée en puissance d’acteurs comme Ikea, Action ou encore les plateformes comme Temu a laminé les parts de marché des distributeurs traditionnels. Le segment de la décoration, cœur de l’offre Casa, souffre tout particulièrement d’une guerre des prix qui écrase les marges.
Une trésorerie en hausse, mais un sursis illusoire
Durant la période d’observation, Casa France a tout de même réussi à faire passer sa trésorerie de 3 à 15 millions d’euros. Cette progression notable témoigne de la volonté de redressement de l’enseigne. Mais ce montant, s’il permettra d’honorer une partie du passif, reste très éloigné de ce qu’exigerait une relance complète du réseau.
Les 143 magasins français, tous concernés par la procédure, emploient 577 salariés en CDI et environ 100 en CDD. Le plan de redressement lancé début 2024, qui avait déjà entraîné la fermeture ou la cession de plus de 10 % des points de vente en Europe, n’aura donc pas suffi.
Créée en 1975 en Belgique, la marque Casa était encore récemment présente dans huit pays européens, avec plus de 500 magasins et 2 230 salariés. Sa chute programmée intervient dans un contexte général de mutation du secteur. Après Habitat, liquidé en décembre 2023 puis repris en ligne, c’est une autre enseigne historique qui disparaît du paysage.
Le tribunal de commerce de Bobigny doit rendre sa décision le 27 juin 2025. Si la liquidation est prononcée, elle marquera la fin d’une aventure commerciale de cinquante ans. Et renforcera le signal d’alarme sur les modèles de distribution du meuble en France.