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ArcelorMittal : entre suppressions de postes et refus de nationalisation, l'État cherche une autre voie




Vendredi 2 Mai 2025


La sidérurgie française tangue. À Dunkerque comme ailleurs, les salariés d’ArcelorMittal sont en alerte. Mais du côté du gouvernement, une réponse radicale comme la nationalisation est rejetée. Alors que faire ? Suivre les rails d’un sauvetage industriel sans filet, ou repenser l’ambition stratégique pour l’acier européen ?



Le 1er mai 2025 : des revendications claires, une réponse tranchée

Alors que les cortèges syndicaux défilaient ce 1er mai 2025, la colère gronde à Dunkerque. Ce site historique d’ArcelorMittal — plus grand complexe sidérurgique de France — se retrouve dans l’œil du cyclone avec 636 suppressions de postes annoncées. Une onde de choc pour une ville dont l'économie repose en partie sur l’activité métallurgique.

Les syndicats, vent debout, dénoncent une « purge industrielle » et réclament la mise sous tutelle de l'État. À gauche, le Parti socialiste annonce une proposition de loi en ce sens. Mais l’exécutif coupe court : la nationalisation ne sera pas la réponse. Interrogé sur BFM TV, Marc Ferracci, ministre chargé de l’Industrie, tranche : « La nationalisation aujourd’hui, ce n’est pas la bonne réponse. On nationalise quand il y a un enjeu stratégique, mais aussi quand il n’y a pas de solution industrielle » (Le Figaro, 1er mai 2025).


ArcelorMittal : la nationalisation, fausse bonne idée ?

Dans les discours, le mot « souveraineté » revient souvent. Marc Ferracci le rappelle : « La sidérurgie est une industrie de souveraineté dont dépendent l’automobile, la défense ou l’aéronautique » (BFMTV, 1er mai 2025). Mais à ses yeux, le levier public passe moins par une prise de contrôle que par des investissements incitatifs et des aides ciblées.

Depuis 2021, l’État français a versé à ArcelorMittal 850 millions d’euros pour soutenir la décarbonation de ses activités — en particulier sur le site de Dunkerque. Des fonds publics, certes, mais conditionnés à des contreparties en R&D et innovation. Le ministre le martèle : « Il ne faut pas laisser dire que l’argent est versé sans contrepartie » (BFMTV, 1er mai 2025).

Côté entreprise, ArcelorMittal tente de réduire ses coûts européens en transférant certaines fonctions vers l’Inde, ce qui impacte 1 400 postes au total, dont 600 en France. À Dunkerque, ce n’est pas seulement l’encadrement ou les services qui sont visés : la production elle-même est concernée.


Sauver ArcelorMittal sans reprendre les rênes : quel plan B ?

Le gouvernement cherche à convaincre qu’il existe des alternatives à la reprise de contrôle. Pour cela, l’Europe est appelée à la rescousse. Ferracci souhaite que Bruxelles durcisse les mesures commerciales contre l’acier chinois, accusé de dumping : « Si on arrive à faire en sorte qu’Arcelor lutte à armes égales avec les Chinois […], les investissements se feront et il y a un avenir pour la sidérurgie en France » (BFMTV, 1er mai 2025).

Mais ces garanties sont-elles suffisantes ? La production européenne a déjà chuté de 20 % entre 2018 et 2023, une érosion structurelle qui interroge sur la solidité du marché intérieur. Sans protections tarifaires efficaces ni baisse du coût de l’énergie, les sites français restent sous pression.

Et Ferracci d’ajouter : « Aujourd’hui, on a une situation sur l’acier extrêmement difficile qui réclame à la fois de la protection, du soutien aux investissements et des coûts de l’énergie plus compétitifs » (Le Figaro, 1er mai 2025). Un cocktail de mesures plus complexes — et plus incertaines — qu’un simple décret de nationalisation.


Jean-Baptiste Giraud




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