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BCE : l'immigration soutient la croissance européenne




Lundi 25 Août 2025


Le 23 août 2025, à Jackson Hole, Christine Lagarde a livré une analyse directe sur le rôle de l’immigration dans l’économie européenne. La présidente de la BCE a souligné que les travailleurs étrangers avaient été décisifs pour le maintien de la croissance et la stabilisation du travail, tout en avertissant que la montée des pressions politiques pourrait limiter ces bénéfices.



Immigration : un moteur de croissance pour l’Europe

Lors de son discours, relayé par Reuters, Christine Lagarde a insisté sur une statistique clé : « Ils ne représentent qu’environ 9 % de la force de travail totale en 2022, [mais] les travailleurs étrangers ont contribué à la moitié de la croissance de cette main-d’œuvre ces trois dernières années ». L’immigration agit comme un levier macroéconomique qui élargit l’offre de travail et soutient la production.

L’apport se traduit aussi dans les données globales. Entre fin 2021 et mi-2025, l’emploi cumulé en Europe a progressé de 4,1 % (soit 6,3 millions de personnes supplémentaires) alors que le PIB réel a augmenté de 4,3 %. Ce décalage entre emploi et activité s’explique par l’arrivée massive de travailleurs étrangers, mais aussi par la réduction des heures travaillées par salarié. Selon la BCE, le nombre moyen d’heures reste environ 1 % en dessous du niveau de 2019, soit l’équivalent de 1,3 million d’emplois à temps plein.

Allemagne et Espagne ont largement profité des travailleurs étrangers

Le rôle de l’immigration devient particulièrement visible dans les grandes économies. En Allemagne, Christine Lagarde a rappelé que le PIB serait environ 6 % inférieur à son niveau de 2019 sans les travailleurs étrangers. Autrement dit, l’économie allemande dépend de cette main-d’œuvre pour maintenir sa production industrielle et ses exportations. En Espagne, la reprise post-pandémie s’est également appuyée sur l’immigration, qui a alimenté les secteurs du bâtiment et des services. Ces apports ont limité la montée du chômage et permis une trajectoire de croissance plus robuste. Globalement, la population totale de l’Union européenne a atteint un record de 450,4 millions d’habitants en 2024, selon Eurostat, grâce à l’immigration nette qui compense une natalité structurellement faible.

Pour Christine Lagarde, l’immigration est aussi une réponse au vieillissement. Elle a prévenu qu’« sans afflux de travailleurs étrangers, la zone euro compterait d’ici 2040 environ 3,4 millions de personnes en âge de travailler en moins », relate le Financial Times. Mais cet impératif économique se heurte aux réalités politiques. En Allemagne, le gouvernement a récemment suspendu certaines procédures de regroupement familial, une concession aux électeurs attirés par l’extrême droite.


 

François Lapierre




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