Les nouvelles règles : des aides réduites et des coûts supplémentaires pour les entreprises
La réforme entrée en vigueur en juillet 2025 bouleverse l’équilibre financier du dispositif. Pour chaque apprenti préparant un diplôme de niveau Bac+3 ou plus, les entreprises doivent désormais verser une participation obligatoire de 750 euros au titre du coût pédagogique, alors que ce montant était auparavant pris en charge intégralement par l’État, selon TF1Info.
En parallèle, les aides à l’embauche ont été rabotées. Pour les entreprises de moins de 250 salariés, elles sont passées de 6 000 à 5 000 euros, et pour celles de 250 salariés et plus, de 6 000 à 2 000 euros, d'après Helloworkplace. Ces ajustements constituent un renversement de logique après plusieurs années d’incitations financières massives.
Cette baisse des aides suscite l’inquiétude des centres de formation d’apprentis. Dans le Finistère, à Brest, des responsables de CFA redoutent de devoir réduire certaines sections ou d’augmenter les frais pour les entreprises partenaires, ce qui mettrait à mal la diversité de l’offre et l’accès des jeunes à l’apprentissage, rapporte France 3 Bretagne. « On prive les entreprises d’un dispositif qui fonctionne », confie au Figaro Véronique Degottex, directrice générale adjointe de Groupe Cheval.
Un ralentissement brutal : vers la fin de l’âge d’or de l’apprentissage
Les effets se font déjà sentir. Selon l’Insee, 65 000 postes d’alternants pourraient être détruits en six mois seulement, d’ici fin 2025, s'inquiète L’Humanité. Le nombre de contrats commencés entre janvier et juillet 2025 s’élève à 94 900, soit une baisse de 1,4 % sur un an, selon AEF Info. Les contrats de professionnalisation reculent encore plus fortement, avec 32 400 démarrages sur la même période, soit une chute de 11,5 %.
Cette inversion de tendance tranche avec l’expansion spectaculaire observée depuis 2017. En sept ans, l’apprentissage avait triplé, atteignant un sommet de plus de 870 000 contrats en 2024. Or, la baisse actuelle des aides risque d’entamer cette dynamique et de fragiliser un modèle longtemps présenté comme un succès public-privé. « L’effet du durcissement des politiques de l’emploi devrait se matérialiser en fin d’année », avertit l’Insee.
Les répercussions vont au-delà du seul secteur de l’alternance. Toujours selon l’Insee, l’emploi total dans le secteur privé devrait reculer de 51 000 postes sur l’ensemble de l’année 2025, « notamment du fait de l’alternance ». Le taux de chômage, stable à 7,5 % au deuxième trimestre, pourrait atteindre 7,6 % en fin d’année. Ces chiffres illustrent que l’apprentissage n’est plus seulement un levier de formation, mais un indicateur de la santé économique du pays.