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Colruyt France : près de 1 000 postes en danger faute de repreneurs




Mercredi 25 Juin 2025


Le groupe belge Colruyt transfère 81 magasins à Intermarché. Mais 24 autres restent sans solution. À la clé, jusqu’à 889 suppressions de postes.



24 magasins sans repreneur : les sites à risque

Le 23 juin 2025, le distributeur belge Colruyt a présenté au comité social et économique (CSE) un plan de cession de ses 104 magasins français, marquant une étape décisive dans son désengagement du territoire. Fondée sur un accord avec le Groupement Les Mousquetaires (Intermarché, Netto), cette opération prévoit la reprise de 81 supermarchés pour un montant avoisinant 215 millions d’euros. Cette transaction inclut le transfert de 1 319 salariés, selon le communiqué officiel du groupe diffusé à l’AFP.
Depuis son implantation en France en 1998, Colruyt visait une montée en puissance dans un marché concurrentiel. Mais après plusieurs années de rentabilité fragile, le groupe a finalement opté pour une stratégie de repli. En avril 2025, il reconnaissait dans une note officielle que « les résultats escomptés n’avaient pas été atteints malgré d’importants efforts » sur ses activités françaises.

 

 


 

Si l’accord avec Intermarché couvre la majorité des magasins, 24 sites ne sont pas inclus dans la reprise, dont un qui n’a jamais ouvert ses portes. Ces points de vente sont répartis essentiellement dans l’est et le nord-est de la France, des zones historiquement couvertes par Colruyt Retail France. La liste complète mentionne notamment les implantations de Troyes, Metz, Sens, Strasbourg, Auxerre ou encore Saint-Avold.
Colruyt précise que « plusieurs marques d’intérêt ont été reçues », mais aucun repreneur n’a été confirmé à ce jour pour ces emplacements. Le risque est donc élevé : 950 postes sont menacés, dont 889 susceptibles d’être supprimés dans le cadre d’un licenciement économique, selon le même communiqué transmis à l’AFP.


Un impact social structurant pour l’emploi local

Le siège de Colruyt Retail France, basé à Rochefort-sur-Nenon (Jura), n’entre pas dans le périmètre de reprise. Il emploie 370 personnes. Trois entrepôts logistiques, représentant 280 salariés, sont également exclus de l’accord. En cumulé, ce sont près de 650 salariés supplémentaires dont l’avenir est aujourd’hui incertain.
Dans le communiqué diffusé aux partenaires sociaux, l’entreprise annonce qu’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) est en cours de préparation. Une réunion d’ouverture de la procédure a été programmée pour le 4 juillet 2025, au siège jurassien.
Les représentants du personnel dénoncent une approche qu’ils jugent brutale. Selon un communiqué du CSE consulté par l’AFP, la décision serait « incompréhensible et socialement destructrice ». La totalité des suppressions de postes pourrait intervenir d’ici le premier trimestre 2026.

 

 


 

La trajectoire de Colruyt en France illustre les difficultés croissantes rencontrées par les distributeurs de taille intermédiaire face à des acteurs dominants comme E.Leclerc, Carrefour ou Lidl. Le marché tricolore, marqué par une guerre des prix structurelle, impose des marges réduites et une logistique ultra-optimisée. Colruyt n’a pas su trouver de relais de croissance suffisants pour équilibrer ses opérations.
Le Groupement Les Mousquetaires renforce ainsi sa présence en rachetant 81 points de vente supplémentaires, consolidant sa position de troisième distributeur alimentaire en France. Pour Colruyt, ce recentrage laisse planer des interrogations sur ses ambitions futures en dehors du marché belge.


Grégoire Hernandez




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