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Croissance mondiale : la Banque mondiale révise ses prévisions à la baisse pour 2025




Jeudi 12 Juin 2025


Dans son rapport semestriel publié le 10 juin 2025, la Banque mondiale alerte sur un ralentissement plus marqué que prévu de l’activité économique mondiale. Une prévision revue à 2,3 % pour l’année en cours, soit le niveau le plus faible depuis la crise financière de 2008 en dehors des années de récession.



Prévision globale ramenée à 2,3 % : la croissance mondiale en perte de vitesse

Le rapport Global Economic Prospects – June 2025 publié par la Banque mondiale ramène la croissance mondiale attendue pour 2025 à 2,3 %, contre une estimation initiale de 2,7 % en janvier. Ce chiffre place l’économie mondiale dans une trajectoire de stagnation relative, avec une croissance inférieure à la moyenne décennale hors crise sanitaire.

La Banque mondiale explique cette révision par plusieurs facteurs convergents : un resserrement prolongé des conditions monétaires, une modération du commerce international, une fragilité persistante des investissements et une multiplication des incertitudes géopolitiques.
 

Économie américaine et Chine en repli, l’Inde résiste

Les deux premières économies mondiales contribuent à cette révision à la baisse. Les États-Unis, affectés par des taux d’intérêt élevés et une contraction de la consommation, devraient enregistrer une croissance de 1,4 % en 2025, en recul de 1 point par rapport aux projections de janvier.

La Chine, confrontée à une faible demande extérieure et à un ajustement immobilier prolongé, devrait progresser de 4,5 %, en baisse de 0,5 point. En revanche, l’Inde maintient une trajectoire plus dynamique avec une prévision inchangée à 6,3 %, portée par une consommation intérieure résiliente et une politique budgétaire expansionniste.

Pays avancés : croissance atone et contraintes monétaires persistantes

Le ralentissement est plus marqué dans les économies avancées, où la croissance cumulée est estimée à 1,2 % pour 2025, contre 1,6 % en janvier. La zone euro devrait se contenter d’une expansion de 0,7 %, pénalisée par la faiblesse de la demande interne et le resserrement des politiques monétaires de la Banque centrale européenne.

Au Japon, la croissance est attendue à 0,8 %, freinée par une consommation des ménages stagnante et des exportations sous tension. Le Royaume-Uni, quant à lui, plafonne à 0,6 %, affecté par des investissements en baisse et une productivité faible.

Pays émergents et en développement : rattrapage contrarié

Dans les pays émergents et en développement, la croissance est prévue à 3,8 %, un niveau inférieur de 0,3 point aux précédentes prévisions. L’Amérique latine et l’Afrique subsaharienne affichent des performances hétérogènes, tandis que l’Asie du Sud-Est reste l’un des pôles de dynamisme, malgré des perspectives modérées.

La croissance des pays à faible revenu devrait atteindre 5,3 %, en baisse de 0,4 point, avec des vulnérabilités importantes sur le plan budgétaire et des conditions d’accès au financement de plus en plus restrictives. Le revenu par habitant dans ces pays croît à un rythme de 2,9 %, insuffisant pour amorcer un réel processus de convergence économique.

Risque de fragmentation économique et scénarios alternatifs

Le commerce mondial progresse de manière plus lente qu’anticipé. Les projections pour 2025 indiquent une hausse des échanges de biens et services limitée à 2,4 %, en deçà des niveaux observés avant la pandémie. Les tensions commerciales, notamment entre les États-Unis et la Chine, ainsi que les nouvelles mesures protectionnistes pèsent sur l’activité. Les flux d’investissement directs étrangers demeurent en recul dans plusieurs régions, en particulier en Afrique et en Amérique latine, en raison d’un environnement incertain et de la volatilité des marchés financiers.

La Banque mondiale identifie également un risque élevé de fragmentation géoéconomique, qui pourrait accentuer le ralentissement. Dans son scénario de stress, une hausse de 10 points des droits de douane entre les grandes puissances entraînerait un ralentissement de la croissance mondiale à 1,8 %. Les marges de manœuvre des politiques économiques se réduisent. Si les banques centrales poursuivent la normalisation monétaire, les politiques budgétaires restent contraintes par le niveau élevé des dettes publiques. L’institution appelle à renforcer la coordination internationale pour éviter une dégradation prolongée du climat macroéconomique.

 

François Lapierre




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