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Défense : le bras de fer entre la France et la Pologne




Jeudi 30 Janvier 2025


Depuis le 1er janvier 2025, la Pologne assume la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne. Avec un slogan clair – « Sécurité, Europe ! » – Varsovie affiche une priorité : renforcer la défense du continent face à la Russie.



Un dilemme stratégique : souveraineté ou dépendance militaire ?

La Pologne, en première ligne face à la Russie, réclame une hausse significative des investissements européens dans l’industrie militaire. Varsovie plaide en faveur de la création d’un fonds de défense commun, permettant aux États de s’endetter collectivement pour financer l’armement. Pourtant, les ambitions polonaises se heurtent à l’Allemagne et aux Pays-Bas, hostiles à l’idée d’une dette commune, mais aussi à la France, qui souhaite réserver ces fonds au développement des industries nationales européennes.
Varsovie veut des moyens financiers immédiats pour acheter du matériel moderne, quitte à s’approvisionner aux États-Unis ou en Corée du Sud, tandis que Paris milite pour un Buy European Act militaire, incitant à privilégier les industries du continent. Une position qui pourrait freiner les ambitions polonaises.

Une dépendance américaine croissante qui irrite Paris

La Pologne affiche un budget de défense record : 4,7 % du PIB en 2025 (environ 43 milliards d’euros). Une somme gigantesque, mais en grande partie dépensée en achats auprès des États-Unis. Varsovie a récemment signé des contrats pour des chars Abrams, des systèmes Patriot et des hélicoptères Apache. Ce choix pose un problème à la France, qui espérait voir la Pologne investir davantage dans le programme d’armement européen. Néanmoins, la Pologne affiche une volonté de diversification de ses fournisseurs et se dit intéressée par certains équipements français. Le char Leclerc XLR et le système de défense aérienne SAMP/T Mamba figurent parmi les options envisagées. Cependant, Varsovie pose une condition : ces acquisitions doivent s’accompagner de transferts de technologie et d’implantations industrielles en Pologne.
Or, la France rechigne à partager son savoir-faire stratégique. L’exemple du contrat avorté des sous-marins avec l’Australie hante encore les négociateurs français, qui craignent que Varsovie ne cherche avant tout à négocier des compensations industrielles avant de se tourner vers d’autres fournisseurs, comme la Corée du Sud.

Adélaïde Motte

Dans cet article : défense, industrie, union européenne



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