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Désindustrialisation : ArcelorMittal supprime 608 postes avec l’aval de l’État




Jeudi 18 Décembre 2025


Le 18 décembre 2025, le gouvernement a validé le plan social présenté par ArcelorMittal France. Derrière cette décision administrative, ce sont 608 emplois industriels qui disparaissent dans plusieurs usines historiques. Pour ArcelorMittal, cette restructuration répond à des contraintes économiques. Pour de nombreux observateurs du monde de l’entreprise, elle symbolise surtout l’érosion progressive du tissu industriel français et les limites des politiques publiques de réindustrialisation.



ArcelorMittal, symptôme d’une désindustrialisation persistante

Le plan social d’ArcelorMittal s’inscrit dans une dynamique plus large qui touche l’ensemble de l’industrie française. Validé par l’État, il prévoit la suppression de 608 postes, selon BFMTV. ArcelorMittal avait annoncé cette restructuration dès avril, invoquant la baisse de la demande d’acier en Europe, la concurrence internationale et la hausse des coûts énergétiques.

Pourtant, au-delà des arguments conjoncturels, ce plan social illustre une tendance structurelle. Depuis plusieurs années, la sidérurgie française réduit ses capacités, ferme des lignes de production et réorganise ses effectifs. ArcelorMittal, acteur central de l’industrie lourde, ajuste son périmètre industriel dans un contexte où la production d’acier se concentre de plus en plus hors d’Europe. Cette évolution nourrit le sentiment d’un déclassement industriel progressif. Dans ce cadre, la validation gouvernementale du plan social d’ArcelorMittal est perçue par certains dirigeants d’entreprise comme un signal ambigu. D’un côté, l’État affirme soutenir la réindustrialisation. De l’autre, il entérine une réduction significative de l’emploi industriel. 

Industrie française : des sites stratégiques fragilisés

Les suppressions de postes prévues par ArcelorMittal concernent plusieurs sites emblématiques de l’industrie française. Dunkerque, Florange, Mardyck, Basse-Indre ou encore Montataire figurent parmi les usines touchées, selon les informations relayées par Public Sénat. Ces sites ne sont pas de simples unités de production. Ils structurent des écosystèmes industriels complets, avec des sous-traitants, des prestataires et des compétences spécifiques.

La perte de 608 emplois chez ArcelorMittal dépasse donc largement le périmètre de l’entreprise. Chaque poste supprimé affaiblit un peu plus les bassins industriels concernés. Pour les entreprises locales, cette contraction de l’activité sidérurgique signifie moins de commandes, moins d’investissements et, à terme, une fragilisation de l’ensemble de la chaîne de valeur industrielle.

ArcelorMittal met en avant des mesures d’accompagnement pour limiter l’impact social du plan. La direction a indiqué que la « mise en œuvre concrète » du plan social inclurait des dispositifs de reclassement et de formation. Toutefois, du point de vue industriel, ces mesures ne compensent pas la perte de capacités productives. Elles accompagnent la sortie, mais ne recréent pas d’activité.

Le rôle de l’État face à la désindustrialisation

La décision du gouvernement de valider le plan social d’ArcelorMittal révèle les marges de manœuvre limitées de l’État face aux choix stratégiques des grands groupes industriels. Officiellement, l’exécutif justifie son feu vert par le respect du cadre légal et par les engagements pris par l’entreprise en matière sociale. 

Pourtant, sur le plan politique et économique, la question de la souveraineté industrielle reste centrale. Fin novembre 2025, l’Assemblée nationale a adopté en première lecture une proposition de loi visant à nationaliser ArcelorMittal France, selon le site officiel Vie publique. Ce texte met en avant la nécessité de préserver l’outil industriel et l’emploi face à un plan social jugé incompatible avec les objectifs de réindustrialisation.

François Lapierre




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