Saipem cale, la facture grimpe pour EDF
Le calendrier était serré, il vient d’éclater. EDF vient de confirmer un report « de plus de deux ans » pour son parc éolien en mer du Calvados. Initialement prévue pour 2024, repoussée à 2025, la mise en service est désormais attendue fin 2027.
Le nœud du problème ? Un outil de forage spécialement conçu pour ce projet, « une innovation qui a nécessité de nombreux tests pour le rendre pleinement opérationnel », selon EDF Power Solutions. Le chantier est à l’arrêt depuis plusieurs mois. Seulement quatre pieux sur les soixante-quatre nécessaires ont été posés.
Le chantier est confié à Saipem, spécialiste italien du forage sous-marin. Mais le mastodonte de 1 900 tonnes censé sceller les monopieux, ces tubes géants de plusieurs dizaines de mètres enfoncés dans le sol, a enchaîné les complications. Résultat : un retour en cale sèche avant relance prévue en août 2025, cette fois avec le navire « Bold Tern » en renfort.
Ce nouveau décalage a un coût. EDF doit payer deux années supplémentaires d’indemnisations à plus de 200 pêcheurs locaux privés de zone maritime. S’ajoutent les frais de stockage des éoliennes Siemens Gamesa, déjà construites au Havre. Sans parler des revenus différés : le courant vendu à 176,7 € le mégawattheure, selon le tarif garanti, ne générera aucun cashflow avant fin 2027.
EDF ne commente pas officiellement les surcoûts, mais précise que le financement senior de 2,3 milliards d’euros reste inchangé, ajusté sans modification de taux.
EDF revoit ses ambitions maritimes à la baisse
Le parc Calvados devait illustrer le savoir-faire d’EDF en matière d’éolien offshore posé. Avec ses 450 mégawatts de puissance répartis sur 50 km², il devait fournir l’électricité domestique de plus de 630 000 habitants. À ce jour, seule la sous-station électrique marine, installée en 2023 par Chantiers de l’Atlantique et le belge Deme, est en place et connectée au réseau.
Avec ce revers, EDF temporise sur ses projets offshore. Après Saint-Nazaire, Fécamp et Provence Grand Large, trois autres parcs restent en développement (Dunkerque, Centre Manche, Méditerranée). Mais la stratégie pourrait se resserrer.
Le nouveau PDG Bernard Fontana préfère concentrer les ressources sur les projets déjà attribués. EDF n’envisage pas de candidater aux prochains appels d’offres. Et n’exclut pas des cessions d’actifs : « C’est une possibilité à laquelle nous sommes ouverts en principe », reconnaît le groupe à Les Échos.