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Expatriation : la moitié des jeunes Français veulent partir




Vendredi 22 Décembre 2023


La France, confrontée à des défis politiques et économiques, voit une partie de sa jeunesse envisager sérieusement l'expatriation. Une tendance qui est révélée par le sondage d'OpinionWay pour Économie Matin auquel plus de 1000 personnes ont répondu à la question : « Au regard du climat politique et de la situation économique actuelle du pays, seriez-vous tenté de quitter la France ? »



L'expatriation comme réponse au marasme économique

Le sondage d'OpinionWay pour Économie Matin, révélé le 21 décembre 2023, dresse un tableau sombre du moral des jeunes Français. Avec plus de la moitié des 18-24 ans (54 %) désireux de s'expatrier, le désenchantement est palpable. Pour Bruno Jeanbart, vice-président d'OpinionWay, « Ce sondage confirme une forme de lassitude et de désenchantement des Français à l'égard de leur pays. ». En comparaison, les seniors semblent plus réticents à l'idée de quitter la France : 83 % d'entre eux ont répondu non à la question. Une tendance qui s'explique peut-être en raison d'attachements plus forts ou d'une satisfaction plus grande envers leur situation actuelle.  

Le taux de chômage chez les jeunes en France est alarmant et constitue l'une des principales raisons poussant à l'expatriation. Selon les dernières données de l'Insee, celui-ci s'élève à plus de 17 % pour la tranche 15-24 ans sur l'année 2022, bien au-dessus de la moyenne nationale qui était de 7,4 % au troisième trimestre 2023. Cette situation précaire pousse de nombreux jeunes à envisager sérieusement l'expatriation comme une solution viable pour leur avenir professionnel.  

Canada, l'Eldorado des expatriés Français

Autrefois considérés comme le symbole du rêve et de l'opportunité, les États-Unis ont perdu de leur superbe aux yeux des Français aspirant à l'expatriation. Même tendance pour l'Asie. Celle-ci peut être attribuée à divers facteurs, tels que les défis économiques, les tensions politiques, ou encore les barrières culturelles et linguistiques qui peuvent sembler plus intimidantes.

Le Canada, avec sa promesse de stabilité, de qualité de vie élevée et de politiques d'immigration accueillantes, reste la destination privilégiée des expatriés français (28 %) derrière l'Amérique du Nord (38 %). Il faut dire que depuis 2021, le nombre de postes vacants au Canada dépasse celui des personnes sans emploi, ce qui crée, de facto, un environnement propice pour les expatriés qualifiés. Entre 2000 et 2019, le nombre d'étudiants étrangers actifs sur le marché du travail est passé de 22 000 à 354 000. Autrement dit, il a été multiplié par 16 ! Autre chiffre intéressant à noter du sondage : l'attrait des expatriés français pour l'Afrique progresse et se positionne même en troisième position en captant 9 % d'intention, contre 7 % pour l'Allemagne, 6 % pour l'Italie, 5 % pour le Royaume-Uni et 4 % pour l'Espagne.  

Le pessimisme politique, fer de lance du désenchantement français ?

Outre le pessimisme économique, le sondage d'OpinionWay pour Économie Matin révèle également que les affinités politiques jouent un rôle significatif dans le désir d'expatriation. Parmi les jeunes, 39 % des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (LFI) et 36 % des électeurs de Marine Le Pen (RN) et d'Éric Zemmour (Reconquête) expriment une volonté de quitter la France. Une tendance qui suggère un lien direct entre le pessimisme politique et le désir d'expatriation, les jeunes de ces bords politiques étant particulièrement critiques envers l'état actuel et futur du pays. À l'opposé, seulement 14 % des électeurs d'Emmanuel Macron (La République En Marche) expriment le souhait de partir. Cette différence notable peut refléter une vision plus optimiste ou satisfaite de la direction du pays sous la gouvernance actuelle. Les électeurs de Yannick Jadot (écologistes) et de Valérie Pécresse (LR) se situent entre ces deux extrêmes, avec respectivement 20 % et 21 % souhaitant s'expatrier.

La France se trouve à un moment décisif. Pour retenir ses jeunes talents, elle doit non seulement résoudre le problème du chômage des jeunes, mais aussi créer un environnement où l'innovation, l'entrepreneuriat et les opportunités sont à portée de main. S'inspirer de modèles comme le Québec pourrait être un bon début, mais des actions concrètes et rapides sont nécessaires. Investir dans l'éducation, réformer le marché du travail et encourager l'innovation sont des étapes cruciales pour faire de la France un pays où les jeunes voient un avenir prometteur. Sans ces jeunes talents, la France risque de perdre non seulement sa force de travail de demain, mais aussi son dynamisme et son innovation. Il apparaît donc urgent et impératif des mettre en place des mesures pour construire un avenir où les jeunes choisissent de rester et de contribuer à la prospérité de leur pays.  

Axelle Ker




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