En France, redressement judiciaire depuis juillet
Mercredi 6 août 2025, Claire’s a officialisé sa mise sous protection du Chapter 11, une loi américaine sur les faillites. Ce dispositif juridique permet à une entreprise endettée de rester ouverte tout en essayant de se remettre à flot sous la supervision d’un tribunal. Les boutiques restent donc ouvertes, et les salariés, payés.
Mais ce n’est pas qu’une affaire américaine. Une procédure du même type va être lancée au Canada, selon le groupe. Et en France, Claire’s a été placée en redressement judiciaire au mois de juillet 2025. Autrement dit : ça tangue sérieusement sur tous les continents où la marque est implantée.
Côté français, le tribunal des activités économiques de Paris a ouvert une période d’observation de six mois. Ce laps de temps permettra de trancher entre deux scénarios : un plan de continuation, avec ou sans repreneur, ou une liquidation judiciaire, qui signerait l’arrêt définitif de l’activité.
Claire’s France, qui fait partie intégrante de ce réseau mondial, continue pour l’instant à fonctionner normalement. Mais l’issue est loin d’être garantie.
Une marque mythique qui joue son va-tout
Pourquoi Claire’s en est-elle arrivée là ? Le patron du groupe, Chris Cramer, arrivé en poste en 2024, l’explique : « Une concurrence accrue, les tendances de dépenses des consommateurs et la prise de distance continue avec le commerce de rue, associées à nos obligations actuelles en matière d’endettement et les facteurs macroéconomiques, nécessitent cette mesure ».
Claire’s fait face à plusieurs coups durs en même temps. D’abord, une dette colossale, estimée entre 1 et 10 milliards de dollars (entre 920 millions et 9,2 milliards d’euros), dont plus de 600 millions d’euros arrivent à échéance en 2026. Ensuite, la concurrence est féroce : Lovisa, enseigne venue d’Australie, séduit la même cible jeune avec des offres agressives. Et surtout, Amazon et le commerce en ligne grignotent chaque jour un peu plus de parts de marché.
Aujourd’hui, Claire’s emploie environ 7 000 personnes aux États-Unis, dont 2 000 à temps plein, et exploite 1 350 magasins sur le territoire. Au total, le groupe revendique 2 750 boutiques dans 17 pays d’Amérique du Nord et d’Europe, sans oublier 190 magasins Icing en Amérique du Nord et plus de 300 franchises au Moyen-Orient et en Afrique du Sud.
Derrière cette machine à vendre des bijoux à petits prix, on retrouve désormais l’investisseur Elliott Management, qui détient 39,61 % du capital. La direction affirme avoir engagé des discussions avec des « partenaires financiers et stratégiques ». Mais aucun nom, aucun plan concret n’a été dévoilé.
Les derniers chiffres disponibles remontent à l’exercice 2021. À l’époque, Claire’s annonçait un chiffre d’affaires de 1,39 milliard de dollars (environ 1,28 milliard d’euros), pour un résultat opérationnel de 273 à 277 millions de dollars.