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Forbes : ce que nous dit le classement 2013 sur les grandes fortunes de la planète




Mardi 6 Août 2013


Comme chaque année, le magazine Forbes a publié en mars le classement des personnes les plus fortunées de la planète en 2013. Que faut-il retenir de cette liste ? Que nous apprend-elle sur la situation économique du monde actuel ? Une analyse s'impose.



La crise ? Quelle crise ?

Forbes : ce que nous dit le classement 2013 sur les grandes fortunes de la planète
La première nouveauté du rapport de Forbes s'affiche dès l'introduction : le classement 2013 dénombre 1 426 milliardaires, soit 210 de plus par rapport à 2012. Cette progression indique clairement une croissance de la richesse globale des plus grands de ce monde. Cette interprétation est toutefois à nuancer. La méthode d'évaluation du magazine dépend essentiellement des revenus en patrimoine des personnes concernées. Sont inclus dans le calcul la valeur des titres financiers, les avoirs immobiliers, les propriétés foncières, les parts d'entreprises, les objets d'art et autres portefeuilles d'actifs. L'augmentation de la fortune des milliardaires provient surtout d'une appréciation théorique de leur patrimoine. Ce constat s'applique surtout aux propriétaires de sociétés cotées en Bourse comme Bill Gates. L'augmentation de la fortune de ce dernier – 6 milliards USD de plus qu'en 2012 — est principalement due à une hausse de 30 % du cours de Microsoft, l'entreprise qu'il a fondée. La progression la plus spectaculaire est à mettre au crédit d'Armancio Ortega, le patron de Zara. Sa fortune personnelle grossit de 19,5 milliards USD en un an...

Les Américains toujours "au top"

Sans surprise, les États-Unis sont fortement représentés dans ce classement. Le pays de l'Oncle Sam abrite à lui seul 442 hommes et femmes dotés d'une richesse à 9 chiffres ou plus. Autrement dit, 30 % des milliardaires sur terre vivent en Amérique. Cette domination n'est pas près de s'arrêter, vu la situation dans les autres pays. La Chine compte « seulement » 122 milliardaires, la Russie, 110 et l'Allemagne, 58. Les États-Unis comptent même beaucoup plus de nababs que la région Asie-Pacifique réunie, qui en recense 386, ainsi que l'Europe et ses 366 privilégiés. La comparaison rappelle le chemin que doivent encore parcourir les autres pays du globe pour contester la suprématie économique et financière américaine. La Chine semble néanmoins pressée de combler son retard sur son rival et partenaire américain.

Quid de la France ?

La France ne fait pas partie du top 5 des nations les plus représentées dans la liste. Elle s'en sort néanmoins avec les honneurs en y plaçant 24 de ses ressortissants. Liliane Bettencourt arrive en tête des Français les plus riches, avec une fortune estimée à 30 milliards USD. Elle est talonnée de près par Bernard Arnault et ses 29 milliards USD, 10e seulement au classement général. Le patron de LVMH perd six places par rapport à l'année dernière. Ce repli découlerait en partie de la prise en compte de nouveaux éléments concernant son portefeuille d'actions très complexe. Les milliardaires français se positionnent pour la plupart dans des activités dites traditionnelles, comme l'industrie, la restauration collective, le bois, et l'aviation. Ailleurs, les secteurs les plus porteurs ne sont autres qu'internet et la télécommunication, où prospèrent notamment les PDG de eBay, de Facebook, d'Amazon, d'Oracle et du réseau social chinois Baidu. Seul Xavier Niel, à la tête d'Iliad, déroge à la règle. Autre constat, les milliardaires français sont nettement plus vieux que leurs homologues américains ou asiatiques. Certains ont bâti leur empire à partir d'un riche héritage, comme Serge Dassault, Gérard et Alain Wertheimer et Emmanuel Besnier. D'autres sont partis de presque rien, à l'instar de François Pinault, de Bernard Arnault et de Xavier Niel.

Un classement fiable ou non ?

Une référence depuis plusieurs décennies, le classement Forbes 2013 essuie nombre de critiques. Les reproches portent entre autres sur la crédibilité des méthodes d'évaluation du magazine. Alwaleed bin Talal a été le premier à ouvrir le débat. Agacé d'être positionné seulement 26e, le prince saoudien conteste la validité du palmarès, qui lui attribue une fortune de 20 milliards USD. Selon lui, ses avoirs s'élèveraient plutôt à 29,6 milliards USD, une évaluation menée par son propre groupe d'investissement, Kingdom Holding Company. Si ses dires sont vrais, le prince se placerait 10e du classement, entre les deux Français Liliane Bettencourt et Bernard Arnault. Qui des deux parties dit vrai ? Aucune donnée ne permet à l'heure actuelle de répondre à cette question.

Une autre incohérence a été observée peu après la publication de la liste Bloomberg des personnes les plus riches, un palmarès concurrent de celui établi par Forbes. L'agence de Michael Bloomberg attribue à Bill Gates le titre d'homme le plus fortuné de la planète, avec 73,6 milliards USD, tandis que Forbes le classe 2e, avec une fortune évaluée à 67 milliards USD. Laquelle des deux agences a raison ? Là encore, les réponses sont floues, sachant que chaque partie possède son propre protocole d'évaluation. Peut-être faut-il considérer les remarques de plusieurs analystes, selon lesquelles il serait impossible de recenser et de classer tous les milliardaires de la planète. Beaucoup de ces privilégiés auraient en effet acquis leurs richesses de manière illégale ou informelle et n'hésitent pas à les dissimuler, du moins en partie. La seule question pertinente à se poser serait alors : que faut-il faire pour espérer un jour figurer dans ce classement Forbes ?

La Rédaction



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