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Industrie : EDF, TotalEnergies et l'AIE alertent sur les normes et les prix de l'énergie




Mercredi 11 Décembre 2024


Feu sur l'Europe. Lors du colloque annuel de l'Union française de l'électricité (UFE), mardi 10 décembre 2024, Luc Rémont, PDG d’EDF, Patrick Pouyanné, président de TotalEnergies, et Fatih Birol, directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), ont dénoncé les lourdeurs administratives européennes ainsi que les prix de l'énergie.



Un cadre réglementaire sous le feu des critiques

Lors du congrès annuel de l'Union française de l'électricité (UFE), Luc Rémont, PDG d’EDF, et Patrick Pouyanné, président de TotalEnergies, ont dénoncé les lourdeurs administratives françaises, issues pour une grande part, du cadre réglementaire européen. Des obstacles qu’ils jugent incompatibles avec les ambitions climatiques et industrielles du pays. « C’est l’enfer d’investir en France », a assené Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies. Selon lui, malgré une mobilisation importante de ressources, TotalEnergies ne parvient à construire que 300 MW de capacités renouvelables par an, contre 2 GW aux États-Unis. Ces résultats s’expliquent, selon le dirigeant, par des délais administratifs exorbitants et une complexité réglementaire de plus en plus paralysante, aggravée par la loi sur les énergies renouvelables adoptée en mars 2023 qui a « tout ralenti », fustige-t-il.


Luc Rémont a, lui aussi, tenu à souligner ces retards qui affectent l’ensemble de la chaîne énergétique. « Les délais administratifs sont juste incommensurables avec ce qu'on vit ailleurs dans le monde. Le premier frein à la décarbonation aujourd'hui, ce sont les procédures », a-t-il affirmé, citant des problèmes récurrents dans le raccordement des projets industriels et le déploiement des parcs renouvelables. Un cadre réglementaire qui met en péril la transition énergétique française, et qui coûte de plus en plus cher aux entreprises concernées. 

Sauver la compétitivité de l'Europe

Les critiques des dirigeants français trouvent un écho à l’échelle européenne. Fatih Birol, directeur exécutif de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), à l'occasion de ce même colloque, a dressé un bilan des plus alarmants sur la situation énergétique de l'Europe : « Le prix du gaz naturel en Europe est cinq fois plus élevé que celui des États-Unis, et le prix de l’électricité est trois fois plus élevé qu’en Chine. » Une réalité qui fragilise considérablement la compétitivité industrielle du continent.


Fatih Birol a également évoqué les erreurs stratégiques passées de l’Europe, notamment une dépendance excessive au gaz russe, un désintérêt pour le nucléaire et l’abandon du leadership dans le solaire, désormais dominé par la Chine. « La Chine fabrique aujourd’hui 80 % des panneaux solaires, alors qu’il y a 20 ans, la France était leader grâce à une politique de subventions », a-t-il déploré. Quant à l'atome, la France est totalement dépendante d'une usine russe pour le recyclage de l'uranium utilisé dans ses centrales. C'est la seule usine au monde capable de ce faire, mais le transport est menacé par des possibles futures sanctions de l'Union européenne contre Moscou.

En outre, l'AIE met en garde contre l'impact de ces coûts énergétiques sur des secteurs clés comme la sidérurgie, la chimie ou l’aluminium. « L’industrie manufacturière entre dans une période décisive qui pourrait avoir des conséquences importantes pour l’économie européenne », a t-il prévenu. De fait, celui-ci appelle à la création d'un nouveau plan stratégique européen, capable de rétablir la compétitivité énergétique et d’assurer une transition énergétique cohérente.

Axelle Ker




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