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Le boycott canadien : un choc économique majeur pour le tourisme aux USA




Vendredi 14 Novembre 2025


Le marché touristique américain traverse une zone de turbulences majeure. À mesure que les voyageurs canadiens se détournent des États-Unis, l’industrie perd l’un de ses piliers économiques, révélant une fragilité structurelle que peu d’acteurs avaient anticipée.



Le pilier canadien du tourisme américain vacille

L’année 2025 marque un tournant stratégique pour l’économie du tourisme aux États-Unis. Face au boycott massif des Canadiens, motivé par les tensions commerciales et migratoires associées à Donald Trump, les recettes touristiques se contractent à un rythme inédit. L’enjeu dépasse désormais le simple recul des fréquentations : il s’agit d’un signal d’alarme pour un secteur considéré comme l’un des leviers de croissance les plus constants du pays.

Dans l’écosystème du tourisme américain, le Canada occupe depuis des décennies un rôle stratégique, non seulement parce qu’il fournit le plus important contingent de visiteurs internationaux, mais aussi parce qu’il génère un niveau de dépenses élevé et prévisible. En 2024, les voyageurs canadiens avaient injecté près de 20,5 milliards de dollars dans l’économie américaine, finançant environ 140 000 emplois selon la U.S. Travel Association. Ce socle économique s’effrite soudainement : les voyages par avion ont chuté de 24 % en octobre 2025, tandis que les trajets routiers se sont effondrés de plus de 30 %, comme l’indiquent les données citées par le New York Times.

Pour les analystes de la demande touristique, la baisse des flux canadiens ne peut pas être considérée comme un simple effet conjoncturel. Selon Business Insider, le mois d’avril 2025 a montré une chute de 35 % des retours routiers vers le Canada, signe d’une dynamique profondément installée. De son côté, Forbes évoque un recul de 24 % au premier semestre pour les trajets en voiture, un chiffre particulièrement inquiétant pour les grandes régions frontalières qui dépendent des séjours courts et répétitifs. L’impact est mécanique : moins de visiteurs canadiens signifie moins de nuitées, moins de consommation locale et une pression accrue sur les marges des entreprises.

Les pertes touristiques pèsent sur les territoires les plus dépendants

L’économie du tourisme américain repose sur un maillage de destinations dont certaines dépendent de manière disproportionnée des visiteurs canadiens. L’été 2025 a mis cette vulnérabilité au premier plan : d’après les chiffres rapportés par le Guardian, les retours en voiture ont plongé de 36,9 % en juillet et les retours par avion de 25,8 %. Dans un État comme le Nevada, la dépendance est criante. L’Associated Press indique qu’en juin 2025, la fréquentation touristique globale a reculé d’environ 11 %, mais surtout que les arrivées canadiennes ont chuté de 33 % à 62 % selon les aéroports. Or ces voyageurs, traditionnellement attirés par les loisirs, les congrès et les week-ends prolongés, représentent une base essentielle pour la rentabilité des hôtels, des casinos et des transporteurs.

La conséquence directe est une fragilisation financière des infrastructures touristiques. Les dépenses d’exploitation augmentent, les coûts marketing explosent, mais la demande ne suit plus. Les États frontaliers voient les effets de ce boycott dans leurs statistiques de fréquentation. Selon Economic Times, la baisse des dépenses touristiques internationales pour 2025 est estimée à 3,2 % pour atteindre environ 173,2 milliards de dollars, soit une perte d’environ 5,7 milliards de dollars (plus de 5,2 milliards d’euros).

Dans ce contexte, les États-Unis cherchent à redéfinir leur stratégie de tourisme. Les campagnes visant à reconquérir le marché canadien se multiplient, mais leur efficacité reste limitée. Selon le Washington Post, certaines agences de voyages au Canada n’enregistrent plus aucune réservation vers les États-Unis depuis février 2025, un signal inédit. La dimension politique complique encore l’équation. Pour une partie des voyageurs, l’expérience touristique américaine est désormais perçue comme un acte engageant. Les intentions de visite sont donc directement influencées par la politique extérieure et intérieure du pays, un facteur difficile à maîtriser pour une industrie historiquement apolitique dans sa communication.


 

François Lapierre

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