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Le constructeur des Roomba, iRobot, en faillite




Lundi 15 Décembre 2025


La faillite de iRobot a été formellement enclenchée les 14 et 15 décembre 2025, lorsque l’entreprise américaine s’est placée sous la protection du Chapter 11 aux États-Unis. Fondée en 1990 et longtemps considérée comme un champion de la robotique grand public, iRobot se retrouve aujourd’hui contrainte de se restructurer en profondeur.



Faillite de iRobot : un modèle économique trop dépendant d’un produit phare

La faillite de iRobot met en lumière une dépendance excessive à un unique pilier de croissance. Depuis le lancement du Roomba au début des années 2000, l’entreprise a bâti l’essentiel de son chiffre d’affaires sur l’aspirateur robot domestique. Ce positionnement lui a permis de devenir un leader mondial, mais il a aussi limité sa capacité à amortir les chocs. Lorsque la croissance du marché a ralenti, la faillite est devenue un risque structurel.

D’un point de vue stratégique, iRobot a tardé à diversifier ses activités. L’entreprise est restée concentrée sur l’aspirateur robot, malgré quelques tentatives marginales dans le lavage des sols ou la robotique éducative. Or, dans un environnement où les cycles d’innovation sont rapides, cette concentration a exposé iRobot à une guerre des prix.

Pourquoi la faillite s’explique aussi par des choix industriels et financiers

La faillite de iRobot s’explique également par une structure de coûts devenue incompatible avec ses revenus. En 2024, le chiffre d’affaires s’élevait à environ 682 millions de dollars, soit près de 630 millions d’euros, selon Reuters. Ce niveau restait significatif, mais insuffisant pour absorber des charges élevées, notamment liées à la production et à la recherche. Dans le même temps, la concurrence asiatique proposait des robots plus abordables, comprimant les marges et accentuant la pression financière.

Sur le plan financier, la situation s’est rapidement dégradée après l’échec du rachat par Amazon. Cet accord, évalué à environ 1,7 milliard de dollars, aurait permis à iRobot de sécuriser ses investissements et de renforcer sa solidité financière. Son abandon, pour des raisons réglementaires, a laissé l’entreprise sans solution de repli. Selon Reuters, iRobot portait encore une dette d’environ 190 millions de dollars, soit près de 175 millions d’euros, issue d’un prêt contracté en 2023, à laquelle s’ajoutaient 74 millions de dollars dus à son partenaire industriel Picea.

Une stratégie industrielle fragilisée par la mondialisation

La fin de iRobot révèle aussi les limites de sa stratégie industrielle dans un contexte de mondialisation tendue. L’entreprise dépendait fortement de partenaires asiatiques pour la fabrication de ses robots. Cette dépendance a accentué sa vulnérabilité face aux tensions commerciales. Selon Reuters, certains droits de douane américains appliqués aux importations ont atteint jusqu’à 46 %, renchérissant brutalement les coûts de production et réduisant la rentabilité.

En parallèle, les concurrents chinois ont bénéficié d’une intégration verticale plus poussée, combinant conception, fabrication et distribution. iRobot, en revanche, est restée sur un modèle plus fragmenté. Même avec des parts de marché élevées, environ 42 % aux États-Unis et 65 % au Japon, la rentabilité n’était plus au rendez-vous.

Dans le cadre de la procédure de Chapter 11, l’entreprise a conclu un accord de restructuration avec Shenzhen Picea Robotics, son principal fabricant et créancier. Selon le communiqué officiel publié le 14 décembre 2025 via PR Newswire, cette opération prévoit une prise de contrôle totale par Picea. À terme, iRobot deviendra une société privée détenue à 100 % par ce groupe, tandis que les actionnaires actuels verront leurs titres annulés. L’entreprise perd son indépendance, mais gagne une stabilité industrielle et financière. Le directeur général Gary Cohen a déclaré que cette opération constituait « une étape décisive pour sécuriser l’avenir à long terme d’iRobot ».


 

François Lapierre

Dans cet article : aspirateur, entreprise, faillite, irobot, robot, roomba, USA



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