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Nexperia : les Pays-Bas placent leur fabricant de puces sous contrôle pour préserver leurs intérêts industriels




Mardi 14 Octobre 2025


Les autorités néerlandaises ont pris le contrôle administratif de Nexperia, fondeur de puces basé à Nimègue et détenu par le groupe chinois Wingtech. Une mesure d’exception, motivée par la protection des technologies critiques et la volonté d’assurer la continuité de production dans un secteur devenu stratégique pour l’économie européenne.



Un signal fort en faveur de la souveraineté industrielle

Le gouvernement des Pays-Bas a invoqué la Goods Availability Act, loi d’urgence adoptée après la pandémie, pour placer Nexperia sous supervision publique. Selon le ministère de l’Économie, cette intervention vise à « empêcher que les produits fabriqués par Nexperia ne deviennent indisponibles en cas d’urgence ». Officiellement, il ne s’agit pas d’une nationalisation : l’entreprise reste la propriété du groupe chinois Wingtech, mais ses décisions stratégiques sont désormais soumises à validation étatique.

Ce contrôle administratif s’inscrit dans un contexte de rivalité technologique mondiale où la maîtrise des semi-conducteurs détermine la compétitivité des économies avancées. En 2025, Nexperia fournit une part significative des composants utilisés dans l’automobile, les systèmes de gestion d’énergie et les appareils électroniques. Pour La Haye, protéger cette capacité revient à sécuriser une infrastructure économique critique, essentielle à la stabilité de la chaîne de valeur européenne.

Un précédent pour les entreprises technologiques européennes

La mise sous tutelle de Nexperia crée un précédent dans l’Union européenne : un État peut désormais intervenir pour encadrer la gouvernance d’une entreprise stratégique sans procéder à une acquisition. Le message envoyé aux industriels est clair : la souveraineté économique prime sur le laissez-faire. En parallèle, les autorités assurent que la production reste inchangée, garantissant la continuité des livraisons aux grands comptes européens.

Pour les acteurs du secteur technologique, cette décision redessine la frontière entre liberté d’investissement et protection des intérêts vitaux. Si elle rassure sur la capacité des États à défendre leurs champions industriels, elle souligne aussi la nécessité pour les groupes étrangers de respecter les normes de transparence et de gouvernance européennes. Nexperia devient ainsi le symbole d’une économie où les impératifs stratégiques pèsent désormais autant que la rentabilité.

Adélaïde Motte

Dans cet article : gouvernance, pays-bas, public, puces



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