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Sanctions internationales : l’ONU resserre l’étau autour du nucléaire iranien




Lundi 29 Septembre 2025


Le 27 septembre 2025, les sanctions de l’ONU sont redevenues effectives contre l’Iran, marquant un tournant dans le conflit diplomatique autour du nucléaire. Ce retour de sanctions, activé par le mécanisme de « snapback », met fin à la période d’allègement prévue par la résolution 2231. La décision relance la confrontation entre Téhéran, les capitales européennes et le Conseil de sécurité de l’ONU, alors que les équilibres énergétiques mondiaux sont de nouveau exposés aux tensions.



L’Iran de nouveau sanctionné pour son enrichissement nucléaire

Le mécanisme de snapback a été déclenché le 28 août par la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, ouvrant un délai de trente jours avant la réactivation automatique des anciennes résolutions. Le 26 septembre, le Conseil de sécurité a rejeté une proposition russo-chinoise de prolonger la suspension, ouvrant la voie au retour des sanctions dès le lendemain. Ainsi, les sanctions onusiennes reprennent toute leur force contraignante, encadrées par le droit international et imposées à tous les États membres. Selon les Nations unies, ce retour est une conséquence directe de la résolution 2231 et du Plan d’action global commun (JCPOA) qui fixait les règles.

Les sanctions comprennent l’embargo sur les armes, le gel d’avoirs, l’interdiction de voyage et des restrictions sur les activités nucléaires et balistiques. Josep Borrell, haut représentant de l’UE, a confirmé que « l’Union européenne appliquera la réimposition de toutes les sanctions sans délai ». Les États-Unis, de leur côté, confirment que « ce soir, le snapback des sanctions de l’ONU est achevé », selon Marco Rubio, secrétaire d’État. Ces mesures pèsent sur la diplomatie, le commerce et les capacités de défense de l’Iran, renforçant l’isolement de Téhéran dans l’arène internationale.

Nucléaire iranien : vers un nouveau bras de fer avec l’Occident ?

L’argument principal avancé par l’Europe repose sur l’accumulation d’uranium enrichi par l’Iran. L’Agence internationale de l’énergie atomique estime à environ 440,9 kg la quantité d’uranium enrichi à 60 %, un seuil proche du niveau technique de 90 % utilisé pour une arme nucléaire, quand le JCPOA plafonnait l’enrichissement à 3,67 %. Le mécanisme de contrôle du JCPOA est donc considéré comme caduque par les pays occidentaux, malgré l’opposition de Moscou et Pékin.

Face à ces sanctions, Téhéran dénonce une décision « illégale ». Le ministère iranien des Affaires étrangères a prévenu : « La République islamique d’Iran défendra résolument ses droits et intérêts nationaux et fera l’objet d’une réponse ferme et appropriée », relaye BFMTV. L’Iran a rappelé ses ambassadeurs en France, au Royaume-Uni et en Allemagne, signe d’un durcissement. La Russie soutient cette position : Sergueï Lavrov a affirmé que la décision de rétablir les sanctions « ne peut pas être appliquée ». Ce clivage illustre la polarisation croissante au Conseil de sécurité, où la ligne de fracture oppose d’un côté Washington, Bruxelles et Londres, et de l’autre Moscou, Pékin et Téhéran.

L’économie iranienne frappée de plein fouet

Au-delà du conflit juridique, les sanctions ont un impact direct sur l’économie iranienne et la stabilité énergétique. Le rial iranien a atteint un plus bas historique, autour de 1,1 million pour un dollar sur le marché libre, selon AP News. Cette chute aggrave la pression sur les importations, notamment alimentaires et énergétiques, accentuant le mécontentement social. Le gouvernement iranien redoute une flambée de l’inflation, déjà difficile à contenir. Dans le même temps, les sanctions sur le secteur pétrolier pourraient perturber l’offre mondiale et alimenter la volatilité des prix du brut.

La riposte iranienne pourrait dépasser le cadre économique. Des responsables évoquent désormais un retrait du Traité de non-prolifération nucléaire, ce qui transformerait la crise des sanctions en crise de non-prolifération globale. L’Union européenne assure avoir proposé en juillet un report conditionnel du snapback, refusé par Téhéran, faute de garanties suffisantes sur la coopération avec l’AIEA. Dans ce contexte, la menace de nouvelles escalades régionales se renforce.


 

François Lapierre




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