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Tabac : près de 50 % des cigarettes en France échappent au circuit légal




Mercredi 11 Juin 2025


La France détient un record européen dont elle se passerait bien : celui de la consommation de cigarettes issues du marché noir. Une tendance qui s’accélère, au détriment des recettes fiscales, des buralistes… et de la stratégie de santé publique.



Cigarette : le marché légal menacé par l’essor parallèle

L’étude dévoilée le 11 juin 2025 par KPMG dresse un constat sans appel : 24,7 milliards de cigarettes ont échappé aux circuits officiels en 2024. Rapporté aux 49,9 milliards de cigarettes consommées en France la même année, cela représente près de la moitié des volumes. Ce glissement important vers l’économie informelle s’inscrit dans une dynamique de long terme : la part du marché noir a progressé de 60 % depuis 2020, selon les chiffres relayés par Le ParisienL'étude pointe que la France concentre à elle seule 18,75 milliards de cigarettes illégales, soit « près de la moitié des volumes illégaux de l’Union européenne », une situation unique sur le Vieux continent.




Pour les finances publiques, le constat est tout aussi sévère. Toujours selon l’étude, la perte fiscale générée par le commerce parallèle du tabac en 2024 s’élève à 9,47 milliards d’euros, en hausse de 23,4 % par rapport à 2023. Une somme qui représente un manque à gagner considérable pour l’État, notamment en matière de financement de la santé et de prévention.
Comme le souligne Xavier Puech, président de Philip Morris France SAS : « Nos taxes tabac, qui sont parmi les plus élevées du monde, n’ont fait qu’encourager le fumeur à se tourner vers des produits illégaux très peu chers. »


Marché noir : un risque systémique pour la régulation européenne

Le réseau des buralistes, qui détient le monopole de la vente légale de tabac, est le premier impacté par cette montée en puissance du marché noir. En vingt ans, 10 000 points de vente ont disparu, selon Philip Morris France.
À cela s’ajoutent les mutations de la demande : la prohibition des puffs, les cigarettes électroniques jetables, décidée en février 2025, a ouvert un nouveau segment illégal.
Stéphanie Martel, directrice des affaires externes de Philip Morris France, confirme : « Les interdictions créent des marchés clandestins et privent les fumeurs de produits moins nocifs, sans protéger les jeunes. » 

 

 
 

Le modèle français repose sur une approche fortement fiscale pour réduire la consommation de cigarette. Pourtant, les données de l’OFDT (Observatoire français des drogues et des tendances addictives) montrent une stabilité du nombre de fumeurs malgré une légère baisse du volume fumé. Le consommateur ne cesse pas : il adapte ses canaux. « La forte progression des achats de cigarettes illicites est confirmée par les volumes de saisies douanières, qui représentent désormais près de 20 % des saisies », note Xavier Puech dans un communiqué.

 

 
 

La place de la France en tant que premier consommateur de tabac illégal en Europe crée un précédent. Elle expose l’ensemble du système européen à une pression asymétrique, et affaiblit les mécanismes de coopération douanière. Face à la fluidité des circuits d’approvisionnement parallèles, notamment via les pays de l’Est ou les plateformes numériques, la réponse réglementaire semble en retard d’un cycle.

 


Grégoire Hernandez

Dans cet article : cigarette, tabac



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